Au coeur du printemps, la grande Tina Turner s’en est allée. Pour Beyoncé, elle fut la meilleure de toutes, de ces divas que l’on ne rencontre qu’une fois dans sa vie et dont la disparition ne laisse, depuis, qu’une tristesse infinie. Alors, devant un Stade de France des grands soirs, dans les premières chaleurs du mois de mai, ses premiers mots furent forcément pour l’enfant du Tennessee : « Si vous êtes fan de moi, vous êtes fan de Tina Turner. Je ne serais pas sur cette scène, si elle n’avait pas été là. » Tout, chez Beyoncé, puise depuis ses débuts dans l’imaginaire de cette reine de la soul et du rythm and blues, tant par sa fougue, sa maîtrise vocale, que par cette envie profonde de n’être jamais oubliée dans le coeur du public. Si bien que ce soir, devant 80.000 spectateurs, la chanteuse s’est une nouvelle fois drapée dans ses habits de légende. Pour ne jamais les quitter.
De l’émotion à la danse
Toute diva quelle est, Beyoncé va apparaître sur scène de la façon la plus simple qui soit. Ni jeux de lumières, ni chorégraphies spectaculaires pour celle qui va entonner, pour le lever de rideau, une succession de ballades, dans une atmosphère aussi intimiste que peut offrir l’écrin du Stade de France. Sept ans que l’artiste ne s’était pas produite seule à Paris et ses envolées semblent alors plus maîtrisées jamais, la force le disputant à l’émotion, à l’image de ses sublimes interprétations sur « Dangerously in Love 2 » et « Flaws and All ».
Un prélude épuré, où la musique a toute sa place, comme lorsque le piano et la guitare se répondent sur la jolie déclaration « 1+1 », interprétée par une Beyoncé qui ne va pas tarder, plus tard en coulisses, à se métamorphoser. Car c’est bien là l’essence de cette tournée : donner vie à l’album « Renaissance » sorti il y a un an, ce nouveau disque rythmé, galvanisant, ode à la house music et au voguing. Comme échappé des clubs new-yorkais, et de la « Ball culture » des années 70, le show se transforme alors même que la nuit commence à tomber : le décor évolue en une atmosphère futuriste, les jeux de lumières se confondent, les costumes se parent de sequins, de paillettes.
Très vite, les tubes s’enchaînent, d’un drôle de jeu robotique sur « Cozy », aux incontournables « Alien Superstar » et « Cuff It », transformant le lieu déjà survolté en véritable piste de danse. Sur les écrans, les caméras embarquées ajoutent à ce sentiment de fête, suivant les danseurs, les musiciens au plus près, ces derniers virevoltant dans leurs tenues argentés, comme inspirés d’un film fantastique.
Blue Ivy en invité et un parterre de célébrités
Puis, résonnent les premières notes de « Break My Soul », et vient un moment de liesse, alors que les contours d’un cheval, monumental, apparait en guise de décor. Beyoncé est alors partout, chantant, jouant avec le public et accueillant même, quelques minutes plus tard, sa fille Blue Ivy sur scène pour le morceau « My Power », devant un parterre de célébrités, de Jay Z, à Selena Gomez, en passant par Lenny Kravitz. La force du show, forcément ralenti par les nombreuses transitions nécessaires aux changements de costumes, repose sur la variété des tableaux proposés, l’un rappelant même dans son atmosphère plus pop, plus rythm and blues la tournée « The Beyoncé Experience », en 2007, notamment lors des chansons « Get Me Bodied » ou encore « Crazy in Love ».
Au milieu de ce show très à l’américaine, maîtrisé à la seconde près, sans aucune minute laissée à l’improvisation, Beyoncé parvient tout de même à distiller quelques moments plus intimes de communion avec le public, à l’image du tube « Love on Top » repris a capella, par les milliers de spectateurs. Avant, pour la chanteuse, de se lover quelques minutes plus tard dans une autre ambiance, cette fois-ci plus ouatée, entre velours et positions lascives, pour chanter les tubes « Naughty Girl » ou encore « Heated ». Plus d’une trentaine de morceaux seront interprétés ce soir-là, dans la ferveur du Stade France. Et à Beyonce de repartir, comme elle est venue, en icône absolue.
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