Alors qu’une enquête préliminaire doit s’ouvrir lundi, la famille n’a toujours aucune nouvelle de l’enfant de deux ans, disparu dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Qu’est-il arrivé au petit Émile ? Voilà désormais huit jours que l’enfant de deux ans a échappé à la vigilance de ses grands-parents au Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Depuis, sa disparition laisse place aux suppositions les plus fantaisistes, mais aucune piste ne semble privilégiée par les enquêteurs. Le Figaro fait le point sur les investigations.
Une disparition lors d’une réunion de famille
Samedi dernier, à 17h15, deux voisins aperçoivent Émile sortir de la maison de ses grands-parents maternels, habitant un hameau de 25 habitants accroché au massif des Trois Evêchés. Ce petit garçon originaire de La Bouilladisse, dans les Bouches-du-Rhône, disparaît soudainement. Dans la maison, «plusieurs autres membres de la famille sont également présents» mais aucun des deux parents, précise le parquet. «Le temps que la famille, les proches, les voisins procèdent aux premières vérifications, le premier appel à la gendarmerie intervient vers 18 heures», explique Rémy Avon, procureur de la République à Digne-les-Bains.
Un appel à témoins est lancé le lendemain pour retrouver le petit garçon, de «deux ans et demi. Yeux: marrons. Cheveux: blond. Taille: 90 cm. Tenue: haut jaune/short blanc (avec un motif vert)/chaussures de randonnée». La photo d’un garçonnet souriant, un pissenlit à l’oreille, l’accompagne. Une ligne téléphonique dédiée est ouverte, au 04.92.36.73.00. Mardi soir, elle avait reçu plus de 1200 signalements.
Des battues citoyennes au ratissage judiciaire
Sur le terrain, le parquet adopte une stratégie «de l’escargot» qui se concentre d’abord sur le hameau avant de s’élargir. Pendant deux jours, des centaines de bénévoles, randonneurs, chasseurs, viennent aider les enquêteurs. En vain. Lundi soir, le préfet des Alpes-de-Haute-Provence annonce la fin des battues citoyennes. Seules les opérations de ratissage judiciaire se poursuivent durant deux jours. Les 30 bâtiments composant le minuscule hameau sont fouillés, 12 véhicules visités, les 25 habitants du bourg entendus. Au total, au moins 97 hectares sont passés au peigne fin.
Les gendarmes de la section de recherches de Marseille et de la brigade de recherches de Digne-les-Bains sont aidés d’importants moyens: un hélicoptère, des équipes cynophiles, des drones équipés de caméras thermiques. Ils ont aussi l’appui des sapeurs de la Légion étrangère spécialisés dans la recherche de caches. Équipés de détecteurs de métaux hypersensibles, ceux-ci peuvent sonder les bottes de foin, à la recherche de «matières ferreuses» comme une fermeture éclair ou un bouton des vêtements de l’enfant. Mais l’enquête n’apporte «aucun indice, aucune information, aucun élément permettant de comprendre la disparition d’Émile», concède mardi le procureur de Digne devant la presse.
Accident? Homicide? Enlèvement? «Aucune thèse n’est privilégiée, aucune thèse n’est exclue», a encore insisté jeudi soir le procureur de Digne. La famille vit, elle, dans la douloureuse incertitude de savoir si le petit Émile est toujours en vie. Pour tenter d’apporter des réponses, les gendarmes fondent beaucoup d’espoirs sur la «masse considérable» d’informations recueillie lors des auditions, des ratissages de terrain et du travail technique et scientifique, notamment au niveau des données téléphoniques. «Peut-être, sans le savoir, avons-nous récolté un indice déterminant ?»
Le recours au logiciel AnaCrim
L’enquête se trouve désormais dans «un second temps»: celui «de l’analyse, de l’examen, moins de terrain.» Dès lundi, l’enquête en flagrance ouverte «pour recherche des causes de disparition inquiétante» évoluera, comme le prévoit la loi, en enquête préliminaire. Elle gardera l’objet de «recherche des causes de disparition inquiétante».
Pour tenter de percer le mystère, les gendarmes s’appuient sur le très performant logiciel AnaCrim. Créé dans les années 1970 et utilisé en France depuis 1994, il dispose d’un puissant moteur de recherche capable de traiter des millions de données (identités, lieux, dates, heures, véhicules, téléphonie…) afin d’esquisser de potentiels liens entre les protagonistes du dossier, parfois difficilement perceptibles à l’œil nu. «Le but est de révéler l’indice pertinent, l’incohérence, voire le propos fantaisiste, au milieu d’un océan de données», expliquait à l’époque au Figaro le lieutenant Léa Jandot, chef du département de science de l’analyse criminelle. Ce brassage de données peut durer, en fonction du dossier, jusqu’à plusieurs mois.
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