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Élisabeth Borne confirmée à Matignon: «Le président a tout intérêt à nier la crise»

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ENTRETIEN – Le rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, Arnaud Benedetti, réagit à la reconduction d’Élisabeth Borne à Matignon. Le maintien de la même première ministre montre selon lui l’impuissance du macronisme à s’élargir et à se renouveler politiquement.

Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne. Il est rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire. Il a publié Comment sont morts les politiques ? – Le grand malaise du pouvoir (éditions du Cerf, novembre 2021).


LE FIGARO. – Beaucoup annonçaient le départ d’Élisabeth Borne. Finalement, elle a été confirmée hier soir à Matignon. Comment expliquez-vous ce choix? Est-ce un choix par défaut?

Arnaud BENEDETTI. – Le timing et le contexte ne se prêtaient pas à un changement d’envergure. Un remaniement doit avoir du sens. Il doit pour ce faire comporter plusieurs paramètres: un infléchissement, voire une transformation de ligne politique, une modification, mutadis mutandis des jeux d’alliance, et une fenêtre d’opportunité en matière d’agenda politique. En 1983, lorsque François Mitterrand nomme Laurent Fabius ces trois éléments sont alignés: le tournant de la rigueur avec l’acceptation assumée d’une ligne européenne, le départ des communistes du gouvernement, et le conflit sur l’école libre avec le retrait de la loi Savary.

Difficile aujourd’hui pour le président de changer de ligne politique alors qu’il ne cesse de communiquer positivement sur ses orientations, impossible de trouver un autre premier ministre alors que Madame Borne peut toujours exciper qu’elle a mené à bien la réforme des retraites avec une méthodologie que lui a imposée l’Élysée, enfin faute d’élargissement de sa base politique le jeu parlementaire demeure à l’identique et ne permet pas de justifier de colorer politiquement un nouvel affichage à Matignon. «Rien de neuf sous le soleil»: d’où le choix, provisoire sans doute, de la continuité. Ceux qui annonçaient le départ de Madame Borne étaient ou des acteurs politiques qui escomptaient en tirer un profit au sein de la majorité, ou des professionnels du commentaire qui tiraient un fil bien improbable pour leurs récits éditoriaux. On ne fait pas de l’analyse politique au prisme de ses intérêts.

«Personne ne veut monter sur un bateau qui coule. La Macronie se rétrécit» a tweeté Mathilde Panot. La reconduction d’Élisabeth Borne traduit-elle l’incapacité de la majorité à s’élargir?

La macronie ne se rétrécit pas, elle demeure à son étiage. Un étiage forcément instable au regard de la situation parlementaire qui s’avérera au fur et à mesure du développement de la législature intenable. À ce stade cette reconduction témoigne d’une forme d’impuissance car le macronisme ne parvient plus à s’élargir. Il est comme aux limites de sa dynamique. Il est stable car il n’a pas de déperdition pour le moment mais il est instable car son environnement social, politique, et même médiatique est profondément hostile.

Emmanuel Macron tend la corde de l’hyper-présidence, non pas pour tenir sa majorité, mais pour éviter que sa majorité relative ne soit convulsée le moment venu par une motion de censure.

Arnaud Benedetti

Emmanuel Macron est à la tête d’une coalition de type IVe République mais dans un régime qui est celui de la Ve République. Ce hiatus est producteur d’une anomie institutionnelle qui se résout sur le plan parlementaire par un usage décuplé de tous les instruments du parlementarisme rationalisé. Emmanuel Macron, pour ne pas perdre son gouvernement, tend la corde de l’hyper-présidence, non pas pour tenir sa majorité, mais pour éviter que sa majorité relative ne soit convulsée le moment venu par une motion de censure. Celle-ci pèse sur cette législature comme jamais à l’instar d’une épée de Damoclès.

«Pour que rien ne change, il ne faut rien changer» a fustigé Marine Le Pen. Pour relancer son quinquennat, Emmanuel Macron aurait-il dû changer de premier ministre?

Le seul à avoir analysé avec lucidité cette situation est Jean-Louis Debré lorsqu’il a souligné l’artificialité d’un remaniement ou d’un changement de premier ministre. Cette option n’est évidemment pas à la hauteur de la crise profonde que nous traversons. Mais Emmanuel Macron -dont tout le pouvoir repose sur la dénégation de cette crise- n’a pas intérêt à utiliser des ressources, référendaires ou du type dissolution de l’Assemblée. La survie du macronisme est évidemment existentielle à ses yeux, et il ne voit pas de motifs à précipiter la sortie de la crise qui mettrait en jeu de facto son mandat.

C’est la différence fondamentale entre son exercice du pouvoir et celui d’autres responsables européens qui, comme Pedro Sanchez en Espagne ou David Cameron en son temps au Royaume-Uni, n’ont pas hésité à sacrifier leur confort politique sur l’autel de la nécessaire respiration démocratique. Le président prétend qu’il a un mandat du peuple français pour conduire une politique dont on ne voit pas très bien au demeurant les contours et le contenu.

La réalité, c’est qu’il n’a pas de mandat autre que celui de remettre le peuple français au centre du fonctionnement de la nation, en tenant compte notamment d’une Assemblée que le corps politique a dessiné de telle manière, qu’elle ne confère pas au président la totalité des pouvoirs inhérents à celui du monarque de la Vème. Ce malentendu est annonciateur à terme d’une aggravation du malaise et de la longue crise politique française.

La première ministre a néanmoins fait savoir qu’elle «souhaitait des ajustements» au sein du gouvernement. Peut-on imaginer un changement de cap avec le même premier ministre?

Aucun. Ce n’est pas un remaniement stratégique. Ce non-évènement donnera lieu à des ajustements selon toute vraisemblance, même si Emmanuel Macron aime parfois prendre le contrepied des pronostics dominants. Il s’agit d’un remaniement de réglage, une révision du moteur gouvernemental avec l’exfiltration possible de ministres trop contestés et peut-être l’ouverture à de nouvelles figures dont la plupart seront issus de la macronie et de ses alliés. Le plus signifiant dans ce qui se passe politiquement est l’indifférence, voire la lassitude mécontente de l’opinion publique. Un enseignement politique en soi.

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