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Emmanuel Macron officialise l’implantation d’une super usine de batteries du taïwanais ProLogium à Dunkerque


Emmanuel Macron visite l’usine Aluminium Dunkerque, à Dunkerque, la ville choisie par la société taïwanaise ProLogium pour construire une gigafactory de batteries, dans le nord de la France, le 12 mai 2023. Emmanuel Macron visite l’usine Aluminium Dunkerque, à Dunkerque, la ville choisie par la société taïwanaise ProLogium pour construire une gigafactory de batteries, dans le nord de la France, le 12 mai 2023.

En visite à Dunkerque, ville du Nord érigée par l’Elysée en « symbole » de sa politique de réindustrialisation tournée vers la transition écologique, Emmanuel Macron a confirmé, vendredi 12 mai l’implantation de ProLogium, ce qui va permettre de créer une « immense usine de batteries et 3 000 emplois » à Dunkerque. Un investissement de 5,2 milliards d’euros.

Il s’est exprimé dans l’après-midi sur le site de l’Aluminium Dunkerque, et a, en outre, annoncé que la société chinoise XTC, spécialiste des précurseurs de batteries électriques en lithium, allait ouvrir une usine à Dunkerque dans le cadre d’une coentreprise avec le français Orano, soit un investissement de 1,5 milliard d’euros « pour 1 700 emplois », s’ajoutant aux 5,2 milliards d’euros de ProLogium.

« Ces deux annonces, a affirmé le président, ajoutent aux 16 000 emplois qu’on avait déjà, quasiment 5 000 de plus. Ce qui veut dire qu’avant la fin de la décennie, on aura 20 000 emplois industriels nouveaux sur le bassin d’emploi de Dunkerque. » Lors de son discours, M. Macron a insisté sur « la lenteur » de la France, « si l’on veut continuer et réussir à attirer d’autres ProLogium, on va devoir aller plus vite et plus fort. » « Ce que Dunkerque démontre, c’est qu’on peut réindustrialiser le pays », a-t-il ajouté.

Comme à chaque déplacement, le chef de l’Etat était attendu par des manifestants dotés de casseroles opposés à sa réforme des retraites, tenus à distance par un imposant dispositif sécuritaire, alors même qu’il tente de tourner la page de cette crise en réinvestissant le terrain économique. Un premier rassemblement d’une centaine de personnes s’est créé dans la matinée vers 11 heures devant la sous-préfecture de Dunkerque.

Dunkerque « barricadée comme jamais »

Vers 15 heures, ils étaient entre 200 et 300 à s’être rassemblés place Jean-Bart, dans le centre-ville. Parmi eux, selon La Voix du Nord, des salariés de l’usine Valdunes, menacée de fermeture. Le média local affirme également que le dispositif policier prévu sur place était inédit, qualifiant la ville de « barricadée comme jamais ». Au moment où le cortège présidentiel faisait son entrée sur le site d’Aluminium Dunkerque, à plus de 20 kilomètres de là, les manifestants tapaient sur casseroles et couvercles, autour d’un « chamboule-tout » fait de boîtes de conserves couvertes de dessins de ministres et du président de la République. Au moins un homme a été interpellé en tentant de forcer un barrage, a constaté l’Agence France-Presse. Des manifestants défiaient les policiers, scandant « nous aussi on va passer en force ! ».

Le président a prévu de rejoindre en fin d’après-midi le siège de la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD), situé à environ 500 mètres de la manifestation, dans une rue dont l’accès est barré par des grilles et un cordon de police.

Accélerer le réveil de l’industrie

Jeudi, Emmanuel Macron a longuement expliqué sa politique menée depuis 2017, assurant qu’elle avait commencé à porter ses fruits, et a promis de mettre les bouchées doubles pour réindustrialiser le pays. Objectif : espérer tenir le rythme face aux Etats-Unis de Joe Biden, qui se sont dotés d’un plan colossal d’aides publiques à leur industrie à la faveur de la transition énergétique imposée par le changement climatique, et face à la concurrence chinoise.

En première ligne pour que l’Europe riposte à ces politiques volontaristes sinon protectionnistes, le président souhaite « accélérer » le réveil de l’industrie française tout en la verdissant, grâce à des mesures, telles qu’un nouveau crédit d’impôt pour la production de batteries, éoliennes ou panneaux solaires, censé générer 20 milliards d’euros d’investissements d’ici à 2030, et une refonte du bonus pour l’achat d’une voiture électrique afin qu’il cible, indirectement, le « made in Europe ».

Des projets de « gigafactorys » dans ce qui devient la vallée de l’électrique en France

Preuve de la rude concurrence sur ce terrain, le groupe suédois Northvolt a presque aussitôt confirmé l’installation d’une usine géante de batteries électriques en Allemagne.

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« Un véritable écosystème pour les batteries se développe dans le nord de la France », a salué un vice-président de ProLogium, Gilles Normand, à plusieurs agences de presse. Trois autres projets de « gigafactorys » y sont déjà annoncés, transformant progressivement cette terre, longtemps en voie de désindustrialisation, en vallée de l’électrique en France.

Cet investissement qu’a officialisé M. Macron sur place fait partie d’un paquet plus vaste qui sera dévoilé à l’occasion de la sixième édition, lundi à Versailles, du sommet Choose France, lancé par le président en 2018 pour attirer les projets étrangers. L’Elysée annonce déjà une « édition record ».

Les projets attirés depuis 2017 par le Dunkerquois « permettront la création ou le maintien d’environ 16 000 emplois sur dix ans alors que la ville a perdu près de 6 000 emplois industriels en vingt ans », fait valoir l’exécutif.

Mais non loin de là, Valdunes, dernier fabricant en France de roues de trains, a été lâché la semaine dernière par son actionnaire chinois. Ses deux sites français, situés à Leffrinckoucke et Trith-Saint-Léger, également dans le Nord, emploient 336 personnes. La CGT de Valdunes a dit avoir demandé à M. Macron une rencontre à l’occasion de son déplacement, sans retour à ce stade.

« Inconcevable que le président se déplace à Dunkerque sans visiter le site menacé de Valdunes », avait tweeté mardi le dirigeant communiste Fabien Roussel. « Il y a beaucoup d’entreprises qui viennent s’installer en France et qui profitent des terrains mis à leur disposition, des aides financières et quand ils ont fait assez de bénéfices pour distribuer aux actionnaires, ils s’en vont », a lâché Valérie Minet, militante des « gilets jaunes » du Pas-de-Calais, dans la manifestation organisée devant la préfecture de Dunkerque contre Emmanuel Macron, en tapant vigoureusement sur une assiette.

Pour Paulo Cabral, secrétaire de la CFDT à Saint-Omer, « annoncer des créations d’emplois pour les années futures, c’est très bien », mais la retraite à 64 ans « n’est toujours pas passée ».

Le Monde avec AFP

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