A six mois des élections législatives, le Parti socialiste du premier ministre Pedro Sanchez a subi un très net revers lors des élections municipales et régionales, dimanche 28 mai, en Espagne, selon les premiers résultats officiels et les projections des médias. « Nous sommes devant une marée de droite en Espagne », a déclaré à la presse le chef du gouvernement sortant de la Cantabrie (nord de l’Espagne), Miguel Angle Revilla.
Le Parti populaire (PP, droite) d’Alberto Nuñez Feijoo, qui avait fait de ces élections locales et régionales un référendum national sur la politique de M. Sanchez, a atteint son premier objectif, qui était d’être le parti recueillant le plus grand nombre de voix aux municipales. Après dépouillement de plus de 97 % des suffrages pour les municipales, le PP recueillait près de 6,9 millions de voix (31,47 %), contre un peu plus de 6,1 millions au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Sanchez (28,18 %).
Surtout, le PP était quasiment assuré de conquérir plusieurs régions jusqu’alors dirigées par le PSOE, en premier lieu la Communauté valencienne (Est), la quatrième du pays par la population, selon la télévision publique espagnole (TVE). En outre, le Parti socialiste était en passe de perdre la mairie de Séville, la plus grande ville d’Andalousie (Sud) et un de ses bastions, au profit du PP, toujours selon TVE. Dans le même temps, le PSOE a échoué dans sa tentative de récupérer la mairie de Barcelone, la grande métropole de la Catalogne, qu’il a occupée de 1979 à 2011.
« Un pas de géant » pour M. Nuñez Feijoo
Les élections de ce dimanche portaient sur la totalité des 8 131 municipalités, soit 35,5 millions d’électeurs, ainsi que les assemblées de 12 des 17 régions autonomes. Quelque 18,3 millions d’électeurs étaient concernés par ce deuxième vote. Ce double scrutin était considéré comme une répétition générale avant les élections législatives, dont la date exacte n’est pas encore connue.
Le nom de M. Sanchez ne figurait dimanche sur aucun bulletin, pas plus que celui de M. Nuñez Feijoo. Mais l’enjeu était très important pour les deux hommes, qui s’étaient énormément impliqués dans la campagne, au point de donner à ces élections une allure nationale et de première manche avant les législatives de la fin de l’année.
Le Parti populaire a fait dimanche « un pas de géant » sur la route devant conduire son chef en décembre au poste de premier ministre, a lancé le président du gouvernement d’Andalousie, Juan Manuel Moreno Bonilla, membre du PP.
Premier ministre depuis 2018, M. Sanchez était confronté à de nombreux handicaps : l’usure du pouvoir, la reprise de l’inflation – même si elle est bien plus basse en Espagne que dans la plupart des autres pays de l’Union européenne – et la forte baisse du pouvoir d’achat qui en découle. Il devait aussi faire face aux crises répétées secouant la coalition gouvernementale formée par les socialistes et le parti de gauche radicale Podemos.
Podemos en net recul également
Selon les premiers résultats de différentes régions, Podemos semble également en très net recul. M. Sanchez avait fait campagne sur le bilan de son gouvernement, principalement dans le domaine économique. Il était d’autant plus sous pression que son parti avait beaucoup à perdre, puisque sur les 12 régions qui renouvelaient leur assemblée dimanche, les socialistes en dirigeaient 10 (en incluant une région dirigée par un parti régionaliste auquel ils sont alliés).
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Pour sa part, le PP contrôlait les deux autres régions, dont celle de Madrid, et était assuré de les conserver. Dans la capitale, la très droitière présidente de la région, Isabel Diaz Ayuso (PP), semblait même en mesure de remporter la majorité absolue des sièges.
Si la priorité du premier ministre était simplement de résister, celle de M. Nuñez Feijoo était double : remporter le plus grand nombre de voix au niveau national aux municipales et arracher aux socialistes le plus grand nombre de régions possible, afin de prouver, comme il l’affirme, que le pays ne veut plus de Pedro Sanchez et que sa victoire lors des législatives est inéluctable. M. Feijoo jouait gros, car il conduisait le PP à des élections pour la première fois depuis son arrivée à la tête de ce parti, il y a un peu plus d’an.
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