La première édition de Nouvelles Vagues, qui s’achève dimanche 2 juillet, a vu le jury présidé par Saeed Roustaee récompenser des films de jeunes réalisatrices. Et fait découvrir toute une génération de talents émergents.
On ne sait pas s’il faut l’appeler Festival International du Film de Biarritz ou par son petit nom, « Nouvelles vagues », mais la première édition de ce nouveau rendez-vous dédié au 7ème art sur la côte basque a tenu ses promesses. Spectateurs, professionnels et équipes de film se sont croisés le sourire aux lèvres et la mine ravie avant de partir en vacances.
Le thème de la jeunesse, bien que cruel pour les plus de 35 ans (limite fixée par les organisateurs), n’était pas si mal trouvé. Les huit films de la compétition n’étaient pas tous signés par des jeunots (Les Tournesols sauvages est le sixième long-métrage de l’Espagnol Jaime Rosales), mais ils mettaient tous en scène des jeunes gens, de l’enfance aux premiers pas dans l’âge adulte.
Le festival s’achève dimanche 2 juillet mais le jury a délivré son palmarès ce samedi soir. Présidé par l’Iranien Saeed Roustaee, déjà un cinéaste qui compte du haut de ses 33 ans grâce à La Loi de Téhéran et Leila et ses frères, il a attribué le Grand Prix à A Song Sung Blue, premier long-métrage de la Chinoise Geng Zihan, âgée de 26 ans. Un portrait d’adolescente âpre et délicat. Xian, 15 ans, est confiée le temps des vacances d’été à son père qu’elle connaît mal. Il tient un studio de photo, l’appelle « pisseuse ». Entre deux répétitions dans sa chorale, Xian rencontre la fille de l’employée de son père, Mingmei, 18 ans, apprentie hôtesse de l’air libre et rebelle. Elle est fascinée et même plus. Rien de très nouveau du côté des pulsions et des premiers émois mais la jeune actrice Zhou Meijun est impressionnante de tristesse butée.
À Song Sung Blue est passé avant Biarritz par Cannes (Quinzaine des cinéastes), tout comme How to have sex, Prix Un Certain regard. Le premier film de la Britannique Molly Manning Walker, 29 ans, entretient le buzz avant sa sortie le 15 novembre avec le Prix du Jury et le Prix du Public Nouvelles Vagues. Le distributeur Condor donnait des préservatifs aux spectateurs avant la séance. Un marketing fun d’un goût douteux puisque le film met en scène le viol d’une lycéenne anglaise en vacances en Crète. Bien décidée à coucher, Tara (Mia Mckenna Bruce, sensationnelle) enchaîne les fêtes et les cuites avec ses deux copines, bientôt rejointes par des gars sympas.
Molly Manning Walker, elle-même victime d’une agression sexuelle à l’âge de 16 ans, propose une vision sordide du sexe hétéro. How to have sex charrie un discours presque puritain sur les plaisirs de la chair uniquement montrés sous l’angle du déplaisir et de l’absence de consentement. Les capotes de Condor seraient-elles destinées à faire des bombes à eau ?
De belles surprises hors compétition
Les femmes ont fait carton plein puisque l’actrice italienne Benedetta Porcaroli a remporté le prix d’interprétation (non genré) pour Amanda, de Carolina Cavalli. L’histoire d’une jolie fille hyperconnectée en mal d’amie. Nous ne l’avons pas vu mais nous n’avons pas raté Super bourrés, auquel le jury est malheureusement resté insensible. Une comédie du Français Bastien Milheau, ancien étudiant de la Fémis plus biberonné à Judd Apatow qu’à Truffaut. L’argument est ténu. Deux amis, un garçon (Janus) et une fille (Sam) veulent fêter la fin du bac en buvant comme des trous. L’abattage du duo, le malingre Pierre Gommé et la robuste Nina Poletto, est phénoménal. Version Sud-Ouest des Beaux Gosses et de SuperGrave, avec âne et alambic, Super bourrés a tout pour être la comédie de l’été. Dommage qu’il sorte le 30 août.
Côté hors compétition, Nouvelles vagues a aussi réservé de belles surprises. Reality, présenté en ouverture dans la belle salle de la Gare du Midi, a prouvé le talent de Tina Satter, metteur en scène de théâtre new yorkaise pour la première fois derrière une caméra. Le 3 juin 2017, Reality Winner, une jeune femme de 25 ans, est interrogée par deux agents du FBI à son domicile. À partir de l’enregistrement de l’interrogatoire, Satter signe un huis clos oppressant et un portrait captivant d’une milléniale à la fois fan de yoga et d’armes à feu, lanceuse d’alerte et patriote, incarnée prodigieusement par Sydney Sweeney (Euphoria, White lotus). À voir absolument en salles le 16 août.
Fairyland, réalisé par Andrew Durham et produit par Sofia Coppola, restitue le San Francisco des années 1970 et 1980, de la bohème déglinguée à l’épidémie du SIDA. Inspiré du livre autobiographique d’Alysia Abbott, il met en scène une petite fille partie vivre à Frisco avec son père, écrivain fauché et homosexuel, à la mort brutale de sa mère. La chronique d’une relation père-fille difficile, troublante et touchante, avant de s’étioler dans une deuxième partie plus convenue – et un épisode parisien aussi kitsch qu’Emily in Paris.
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Enfin, Eric Toledano et Olivier Nakache ont fait une escale à Biarritz pour présenter Une année difficile, plus de trois mois avant sa sortie en salles en octobre. Un sujet sociétal casse gueule (en l’occurrence deux : le surendettement et l’éco-anxiété), un casting parfait (Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Noémie Merlant, Mathieu Amalric), un optimisme à toute épreuve et un sens du rythme impeccable prouvent que le duo reste le maître de la comédie sociale (et ici un peu romantique). Vivement l’automne.
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