Guerre en Ukraine : les armes occidentales, soutien crucial aux assauts des troupes de Kyiv

Opérant de préférence de nuit pour reprendre du terrain aux forces russes dans la région de Zaporijia, les Ukrainiens disposent d’aides financières et de matériel militaire européens et nord-américains qui pourraient leur conférer un avantage face à un adversaire moins bien équipé.

Tranchées, champs de mines, dents de dragon et autres barrières antichar : les fortifications russes dans les territoires occupés de l’est et du sud de l’Ukraine représentent, selon une récente analyse du Center for Strategic and International Studies, les «ouvrages défensifs les plus importants réalisés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale». Alors que Kyiv a lancé ces derniers jours sa contre-offensive, percer ces lignes de fortification pourrait s’avérer «l’une des phases plus sanglantes de la guerre pour les Ukrainiens», avance Seth Jones, expert en opérations militaires et coauteur de l’étude. Mais la fourniture par les alliés occidentaux de chars de combat, de véhicules blindés et d’armes de plus en plus sophistiquées pourrait néanmoins offrir à Kyiv de sérieux avantages stratégiques sur le champ de bataille.

Les Ukrainiens auraient intensifié leurs assauts nocturnes, tirant parti des capacités des armes occidentales. Selon l’Institute for the Study of War (ISW), un think-tank américain qui livre des analyses quotidiennes sur le conflit, «les forces ukrainiennes dispos[ent] d’avantages tactiques pour mener des assauts nocturnes grâce à des équipements fournis par les Occidentaux et dotés de systèmes optiques nocturnes supérieurs». Le chef de l’occupation russe dans l’oblast de Zaporijia, Vladimir Rogov, a d’ailleurs affirmé sur Telegram que les Ukrainiens choisissent d’attaquer la nuit pour «réduire l’efficacité» de l’aviation russe, éviter les attaques de drones et «maximiser les avantages de l’utilisation d’équipements et d’instruments fournis par l’Ouest».

Drones kamikazes

Mais les soldats de Kyiv «ne peuvent se permettre de limiter leurs mouvements à la nuit, et les couverts sont rares dans la zone de l’offensive, prévient sur Twitter le consultant en risques internationaux Stéphane Audrand. Ils doivent bouger de jour, ce qui les expose». En particulier aux drones kamikazes : des vidéos publiées samedi d’attaques russes de ces «munitions rôdeuses» sur des tanks, des blindés et des camions ukrainiens montrent que «les mouvements mécanisés, de jour, sans protection contre une éventuelle menace venue des airs, restent très dangereux», insiste Stéphane Audrand. Le ministère russe de la Défense a également diffusé une vidéo montrant la destruction d’une colonne de chars et de véhicules blindés de fabrication occidentale, dans le sud de la région de Donetsk.

Grâce à des munitions de précision également fournies par les Occidentaux, les forces ukrainiennes auraient ces derniers jours détruit, selon l’ISW, «au moins deux systèmes russes d’artillerie TOS-1A», un véhicule lance-roquettes qui utilise des munitions thermobariques, particulièrement destructrices et considérées comme capitales par l’armée russe pour attaquer les positions ukrainiennes. «Les frappes de précision ukrainiennes sur ces systèmes pourraient compliquer les capacités défensives russes», note l’ISW, qui juge «peu probable que les forces russes possèdent suffisamment de systèmes TOS-1A pour fournir le même niveau d’appui-feu tout au long de la ligne de front».

Dans la perspective de cette contre-offensive, les Etats-Unis ont fourni des véhicules blindés conçus pour résister aux mines, ainsi que des explosifs et des équipements de protection pour les démineurs. Washington a débloqué fin mai une nouvelle tranche d’aide militaire de 300 millions de dollars à l’Ukraine, comprenant notamment des missiles pour les systèmes de défense antiaérienne, portant à 37,6 milliards de dollars l’aide militaire depuis l’invasion russe de février 2022. En visite surprise à Kyiv samedi, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a quant à lui annoncé une rallonge de 500 millions de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, et le soutien d’instructeurs canadiens pour former des pilotes de chasse ukrainiens.