Dans une résolution adoptée mardi, le gouvernement polonais a demandé à l’Union européenne (UE) de prolonger l’interdiction des importations de quatre céréales (blé, maïs, colza et graines de tournesol) mais a surtout affirmé que « quelle que soit la décision ultérieure de la Commission [européenne], nous n’ouvrirons pas la frontière aux céréales ukrainiennes après cette date [vendredi 15 septembre]», dans un communiqué publié mardi 12 septembre.
Si la Pologne est un important fournisseur d’aide militaire et humanitaire à l’Ukraine et accueille environ un million de réfugiés ukrainiens, la question des importations de céréales a déclenché une querelle diplomatique entre les deux pays voisins.
A l’annonce de cette décision, l’Ukraine a annoncé être prête à saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour exiger une compensation de la Pologne, accusant son voisin, pourtant proche allié, de « populisme politique avant [l]es élections » législatives prévues en Pologne mi-octobre. Le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, a prévenu sur X (ex-Twitter) que « l’Ukraine sera contrainte de se tourner vers l’arbitrage de l’OMC ».
Des élections législatives organisées en octobre
La question est particulièrement sensible en Pologne, où des élections auront lieu le mois prochain. L’actuel gouvernement de droite populiste, dominé par le parti Droit et justice, bénéficie d’un fort soutien dans les régions agricoles. « Il s’agit d’une question fondamentale pour nous. Les intérêts de la campagne polonaise sont les plus importants pour nous », a d’ailleurs appuyé le gouvernement polonais dans son communiqué.
« Je tiens à assurer à tous les agriculteurs, à toute la campagne polonaise, que nous défendrons sans aucun doute les intérêts des agriculteurs polonais », a déclaré le président du conseil des ministres, Mateusz Morawiecki, lors d’une réunion de son cabinet. Le vice-premier ministre, Jaroslaw Kaczynski, a quant à lui précisé que la Pologne souhaite aider l’Ukraine « mais que, dans le même temps, nous ne devons pas oublier nos concitoyens ».
Le conflit en Ukraine et les problèmes liés aux exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire ont fait de l’UE une voie de transit et une destination d’exportation majeures pour les céréales ukrainiennes.
En avril, l’UE avait autorisé cinq Etats membres, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie, à interdire la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens sur leur territoire, à condition qu’ils n’empêchent pas leur transit vers d’autres pays. Cela, afin de protéger leurs agriculteurs, qui attribuaient à ces importations la chute des prix sur leurs marchés locaux. Ces cinq Etats ont demandé que ces interdictions, qui expirent vendredi, soient prolongées.
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