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La traduction, un moyen d’enrichir le français

Valérie Zénatti est entrée en traduction par l’important romancier et poète israélien, Aharon Appelfeld, dont elle traduit deux premiers textes en 2004, Histoire d’une vie et L’Amour, soudain, pour L’Olivier. Elle avait alors 32 ans. Les deux raisons qui l’ont poussé à s’engager dans cette aventure ? La volonté égoïste de lire Aharon Appelfeld en français, et plus généreusement, de partager les œuvres de l’Israélien avec ceux qui partagent le français. Il s’agit par ailleurs de traduire un germanophone de naissance, qui s’est tourné vers l’hébreu en orphelin.

Françoise Morvan de son côté a commencé à traduire dès l’âge de 10 ans. Par la suite, dans sa quête pour écrire sans entrer dans ce rôle « ringard » de poétesse, d’échapper à la littérature par la littérature, elle découvre le poète anarchiste mort dans un commissariat, Armand Robin.

Ce dernier avait traduit des poètes de 21 langues, dont le sepik des collines, pour court-circuiter la poésie par la poésie, et faire le tour de la politique du monde entier. Elle réalise une thèse sur ce breton qui avait trouvé dans le russe une nouvelle langue maternelle, et découvre à cette occasion un certain André Markowicz, « qui était pour moi à dix coudées des autres ».

Le couple travaille ensemble sur Tchékhov, ou relis leurs traductions réciproques, et tente toujours de proposer une traduction valable, dans leurs critères élevés, de Boris Pasternak, sans succès pour le moment…. Pour les deux, il s’agit d’une activité de passion avant tout, n’ayant jamais signé aucun contrat.

André Markowicz enfin, à commencé à traduire à l’âge de 16 ans, avec sa mère, avec Pouchkine, le père de la métrique littéraire russe : « Depuis ce jour-là, sans aucune exception, j’ai écrit pour traduire ». Il se considère traducteur russe écrivant en français, s’appuyant sur l’école russe de la traduction où cet art est considéré comme majeure. Un « choc de sa vie, salvateur », grâce à Françoise Morvan, fut de prendre conscience qu’on ne traduit pas une langue, mais quelqu’un qui écrit dans une langue.

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Pour Valérie Zénatti, traduire, c’est arpenter un lieu et la musique d’une langue, et les faire surgir dans le français : « Je ne peux traduire si je ne vois pas les images du texte », explique-t-elle, et elle tente de les faire passer dans son travail. C’est aussi une expérience physique, entre déchirure et réconciliation : une langue ne pourra jamais dire ce que dit une autre, en termes d’écho et de sonorité, mais il existe un endroit découvert dans le processus, où on vit ce passage d’un idiome à l’autre.

André Markowicz lui, a reproduit toute l’oeuvre de fiction de Fiodor Dostoïevski, dans son bouillonnement, ses étrangetés, ses fautes apparentes, n’a pas essayé de le franciser ou d’en améliorer la langue, par crainte de le dévitaliser. Il est celui qui a révélé en quoi c’était du style oral, avant Céline, et en quoi il n’était pas un réaliste français, un français tout court : « Ce qui est passionnant dans cette littérature, c’est que vous ne lisez pas un auteur français, qui n’est pas comme vous, et que néanmoins, il vous dit vous », décrit le traducteur.

Faire entendre une métrique, un imaginaire culturel, une intonation, et ainsi enrichir le français, mais aussi voyager dans le temps et l’espace. Le travail est similaire pour Françoise Morvan quand il s’agit de traduire les sonnets de Shakespeare ou l’anglo-irlandais de John Millington Synge. Reste cet abîme que l’on ne peut jamais ressentir l’autre, celui qui a connu les camps de Sibérie, ou d’autres la famine, mais tenter de faire sentir l’existence de quelque chose.

Dans toute cette optique, André Markowicz voit dans la traduction, largement considérée en France comme l’office d’un second-couteau face à l’auteur, le travail d’un conquérant, d’un inventeur.

Pour conclure, l’actualité la plus vive : quelle traduction dans le monde de ChatGPT ? On comprend que l’exigence littéraire de ces trois traducteurs est encore bien loin des propositions d’une IA, comme un poème de Mallarmé face à une oeuvre de ce type d’outil sur l’idéal amer. « Tout est là sauf la vie », résume Françoise Morvan.

Pour André Markowicz, l’intelligence artificielle, ce n’est justement pas encore l’intelligence, mais l’ensemble des usages déjà existants. Par conséquent, il ne peut y avoir littérature au sens fort du terme. Il y aura, selon lui, un découplage encore plus fort entre les traducteurs et les écrivains d’un côté, et l’industrie de l’autre, avec des traducteurs qui seront payés pour relire les traductions de l’IA…

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Crédits photo : ActuaLitté (CC BY-SA 2.0)

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