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Langues régionales : la bataille du catalan se mène aussi… à Bruxelles

, Langues régionales : la bataille du catalan se mène aussi… à Bruxelles

Le catalan, le basque et le galicien vont-ils faire leur entrée dans les institutions européennes ? Pas pour l’instant, en tout cas, et sans doute pas avant un bon moment. Ainsi en ont décidé les ministres des Affaires européennes des Vingt-Sept, qui examinaient, le 19 septembre, une demande en ce sens de l’Espagne, à la tête de l’Union jusqu’à la fin de l’année. Hasard du calendrier : le même jour, à Madrid, ces trois langues – ainsi que l’aranais, une variante d’occitan gascon parlée uniquement dans le val d’Aran – étaient utilisées pour la première fois au Congrès des députés espagnols. Une coïncidence qui pose très concrètement la question de la diversité linguistique en Europe.

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Reprenons. En Espagne, cinq langues au total disposent d’un statut d’officialité ou de co-officialité : le castillan (la langue de Madrid) pour l’ensemble du pays, mais aussi le basque, le catalan, le galicien et l’aranais dans les régions où elles sont en usage. D’où la revendication hispanique : à l’exception de l’aranais, trop peu parlé, ces langues devraient être ajoutées à la liste des langues officielles des Vingt-Sept. « Le catalan compte au moins 10 millions de locuteurs, soit davantage que le maltais, le danois ou le letton, plaide la déléguée de la Catalogne en France, Eva Doya Le Besnerais. Il n’y a pas de raison que les Catalans – au même titre que les Basques et les Galiciens – soient obligés de passer par une autre langue que la leur pour dialoguer avec l’Europe. »

Mais, au fait, quelle est la règle en la matière ? Dès l’entrée en vigueur du traité de Rome, la Communauté, comme on disait alors, a opté pour le français, l’allemand, l’italien et le néerlandais. « Un choix complètement révolutionnaire, que l’on peine toujours à expliquer aujourd’hui, mais dont on suppose qu’il a permis d’éviter tout conflit en Belgique », souligne le juriste Pierrick Bruyas, dans un article très intéressant publié sur le site The Conversation. Par la suite, une forme de tradition s’est instaurée : à chaque élargissement, les langues officielles des pays entrant devenaient ipso facto officielles dans l’Union : le grec pour la Grèce, le bulgare pour la Bulgarie, etc. Une règle qui souffre toutefois des exceptions : le luxembourgeois, par exemple, ne dispose pas de ce statut à Bruxelles, pas plus que le turc, en usage à Chypre. Moyennant quoi l’Union européenne compte aujourd’hui 24 langues officielles et de travail.

Lors de son arrivée, en 1986, l’Espagne n’a toutefois proposé que le castillan. Pourquoi ? « A cette époque, nous sortions à peine de la dictature de Franco, période pendant laquelle seule cette langue avait droit de cité, reprend Eva Doya Le Besnerais. En raison de cette politique répressive, la pratique du catalan était en déclin. La priorité a donc été donnée à la mise en place d’une politique linguistique efficace dans les écoles, les médias, les administrations, etc. Aujourd’hui, ce travail a porté ses fruits et nous sommes prêts à utiliser notre langue au niveau européen. »

Un combat symbolique

On l’aura compris : le combat est en grande partie symbolique* dans la mesure où l’utilisation au quotidien de 24 langues – et, a fortiori, de 27 – est quasiment impossible. Dans les faits, la Commission européenne privilégie l’anglais, qui représente environ 80 % des usages (15 % pour le français). Une situation qui n’a pas vraiment changé depuis le Brexit.

Qu’il soit symbolique ou non, ledit combat est néanmoins loin d’être gagné. En la matière, en effet, la règle de l’unanimité s’impose et c’est peu dire que tous les pays ne voient pas la demande espagnole d’un bon œil. S’ils n’y ont pas (encore ?) opposé leur veto, plusieurs d’entre eux – dont la France – ont demandé des études complémentaires pour examiner les conséquences de cette décision, une manière polie de gagner du temps. Ils se sont également inquiétés du surcoût en matière de traduction – une question qui n’en est pas vraiment une dans la mesure où l’Espagne a proposé de le prendre à sa charge.

Ces manoeuvres dilatoires ne trompent personne : la vraie crainte est ailleurs, et elle est politique. De fait, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, porte ce dossier sous la pression des indépendantistes menés par Carles Puigdemont, dont il a besoin pour se maintenir au pouvoir. Aussi la France redoute-t-elle qu’un tel précédent ne donne des idées aux Corses, aux Bretons ou aux Martiniquais. Il en va de même dans d’autres pays disposant de minorités linguistiques. « Il n’y aura pas d’effet boule de neige, tente de rassurer Eva Doya Le Besnerais. Pour qu’une nouvelle langue soit acceptée par l’Union, elle doit préalablement disposer d’un statut officiel dans son propre pays. Et la demande doit émaner du gouvernement en place. Ces deux conditions ne sont pas réunies en France. » Il était donc prévisible que l’initiative espagnole n’aboutisse pas dans l’immédiat.

Est-elle définitivement enterrée pour autant ? Ce n’est pas encore certain. La question va en effet être de nouveau débattue dans les prochaines semaines. Une période pendant laquelle Pedro Sanchez va faire valoir un argument d’un tout autre ordre. En substance ? « Il n’y a qu’une alternative : soit je me maintiens au pouvoir ; soit je cède la place à la droite, laquelle est alliée à Vox, un parti d’extrême droite Vox farouchement anti-Bruxelles. » Conclusion ? Si Paris, Berlin et les autres capitales veulent éviter d’avoir des anti-Européens à Madrid, ils n’ont d’autre solution que d’aider Sanchez à trouver un accord avec les indépendantistes catalans. Or ceux-ci ont trois revendications principales : un vote sur l’indépendance, l’amnistie de leurs dirigeants et la reconnaissance du catalan à Bruxelles. A tout prendre, lâcher sur la langue catalane est la solution la moins coûteuse…

Les Européens seront-ils sensibles à cette rhétorique ? On le saura très vite. Pour rester à la tête du gouvernement, Pedro Sanchez doit impérativement monter une coalition avec les indépendantistes catalans d’ici au mois de novembre.

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* Il aurait néanmoins quelques conséquences pratiques. Aujourd’hui, quand une entreprise basque ou catalane souhaite bénéficier d’aides européennes, par exemple, elle doit passer par le castillan pour adresser ses demandes à Bruxelles. Une procédure qui allonge les délais de réponse et diminue ses chances de succès.

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Polémique autour d’une BD en breton

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Pas de langue de bois !

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Pas de langue de bois !, sous la direction de Stéphanie Pahud et Pascal Singy. Favre, 248 p., 22 €.

Un livre en picard consacré à l’homosexualité

Preuve s’il en fallait que les langues dites régionales ne sont pas condamnées à parler seulement d’un monde rural révolu, un jeune auteur de 29 ans, Cyril Ducatez, publie un livre bilingue picard-français autour de l’homosexualité. Polyglotte, cet amoureux des langues tente ainsi de promouvoir la diversité linguistique à laquelle il a été sensibilisé en s’intéressant aux Samis, un peuple autochtone d’Europe du Nord. Un parcours qui l’a conduit à se rapprocher du picard parlé par sa grand-mère, une femme à laquelle, dans son roman, le héros dévoile son orientation sexuelle. Une manière originale de contribuer à la survie d’une langue de France menacée.

Yvonne, par Cyril Ducatez, bilingue chti picard du Nord-Pas-de-Calais/français. Les Impliqués, 72 p., 11 €.

« Développez un superpouvoir, apprenez l’occitan ! »

C’est sous cet intitulé que, chaque jeudi de 17 h 30 à 19 heures, à partir du 28 septembre, la Mediatèca occitana de Béziers (Hérault) propose des ateliers d’apprentissage de l’occitan. Inscription gratuite auprès de : secretariat@oc-cultura.eu

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… et deux conférences à Perpignan le 5 octobre

« A quoi bon parler catalan en Catalogne Nord » et « Comment sauver les langues régionales ». Voilà les titres des deux conférences que j’aurai le plaisir de donner à Perpignan, le 5 octobre, à l’invitation de l’Institut franco-catalan transfrontalier, de l’université de Perpignan et de la Llibreria catalana.

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