Le 19 septembre, le conseil des ministres de l’Union européenne va examiner une demande particulière du gouvernement espagnol. Son objet : ajouter le catalan, le basque et le galicien à la liste des langues officielles de l’Union. Une mesure réclamée par le Parti indépendantiste de Carles Puigdemont, dans le cadre d’un éventuel accord de coalition avec l’actuel Premier ministre, Pedro Sanchez, mais aussi par Pere Aragonès, le président du gouvernement régional. La déléguée de la Catalogne en France décrit ici les enjeux de cette revendication.
L’Express : L’Union européenne compte déjà 24 langues officielles. Est-il bien nécessaire d’en ajouter trois de plus ?
Eva Doya Le Besnerais : Le catalan compte plus de 10 millions de locuteurs, soit davantage que d’autres langues de l’Union, comme le maltais, le danois ou le letton. Les Catalans sont des citoyens européens comme les autres, qui financent notamment les services de traduction. A ce titre, ils doivent avoir le droit d’utiliser leur propre langue pour dialoguer avec l’Europe et ne plus être obligés, comme aujourd’hui, de passer par une autre langue que la leur.
Le catalan vient de faire son entrée à la chambre des députés espagnols. Cela ne suffit-il pas ?
C’est là en effet une bonne nouvelle, qui concerne également le basque, le galicien et l’aranais – une variante de l’occitan parlée dans le val d’Aran. Et c’est la fin d’une anomalie. L’Espagne ne pouvait pas continuer à reconnaître plusieurs langues officielles sur son sol et interdire l’emploi de certaines d’entre elles au Parlement. Nous rejoignons ainsi le Canada, par exemple, où les débats se déroulent en anglais et en français. Maintenant, nous souhaitons qu’il en soit de même à Bruxelles.
Cette revendication n’est-elle pas avant tout symbolique ? Dans la pratique, la langue de travail de l’Union européenne est très majoritairement l’anglais…
D’une part, en politique, les symboles sont importants : une telle reconnaissance renforcerait la dignité de notre langue ; ce n’est pas rien. Mais elle aurait aussi des conséquences pratiques. Prenez l’exemple d’une entreprise catalane qui souhaite bénéficier d’aides européennes pour se lancer dans l’énergie verte : elle doit passer par le castillan pour adresser ses demandes à Bruxelles. Cela allonge ses délais de réponse et diminue ses chances de succès. De même, nous devons traduire en catalan toutes les normes édictées par l’Union européenne auxquelles nous sommes tenus de nous conformer. Ce seront des procédures et des complications en moins.
Traditionnellement, c’est au moment de son adhésion qu’un nouvel Etat membre demande que sa ou ses langues officielles soient ajoutées aux langues officielles de l’Union. Pourquoi l’Espagne n’a-t-elle pas déposé cette requête lors de son entrée dans l’UE, en 1986 ?
La revendication catalane était là depuis les années 1980, mais, à cette époque, nous sortions à peine de la dictature de Franco, sous laquelle seul le castillan avait droit de cité. En raison de cette politique répressive, la pratique du catalan était alors en déclin. La priorité était la mise en place, en Catalogne, d’une politique linguistique efficace dans les écoles, les médias, les administrations, etc. Aujourd’hui, ce travail a porté ses fruits et nous sommes prêts à utiliser notre langue au niveau européen.
Selon la plupart des observateurs, votre demande a cependant peu de chances d’être acceptée. L’unanimité des Etats membres est nécessaire pour modifier le nombre de langues officielles de l’Union…
Je ne partage pas cette analyse. Bien sûr, tous les Etats membres ne sont pas sur notre ligne au départ, mais l’Europe, c’est toujours comme cela ! Les désaccords sont nombreux, les décisions lentes, mais on finit par trouver des compromis. Voyez les subventions à l’agriculture ! Il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas de même ici.
On imagine mal la France, qui maltraite depuis toujours ses langues minoritaires, vous apporter son soutien, ne serait-ce que pour ne pas donner des idées aux Corses…
Chaque pays a son histoire et j’entends les craintes que certains éprouvent en France à ce sujet. Mais les choses ne sont pas si simples. D’une part, le plurilinguisme est une valeur fondamentale de l’Europe, qui a pour devise « Unie dans la diversité ». D’autre part, l’Espagne est un des rares pays avec lesquels la France a signé un traité d’amitié. Balayer une de ses demandes d’un revers de la main alors qu’elle préside l’Union européenne n’a donc rien d’évident. Enfin, la France sait que cette question ne disparaîtra pas comme par enchantement en cas de refus le 19 septembre. Non seulement les Catalans en feront toujours une de leurs revendications majeures, mais Andorre est en train de négocier un statut particulier dans l’Union européenne. Or le catalan est la seule langue officielle de cette principauté…
Il n’empêche : la France – comme tous les pays confrontés à des minorités linguistiques – peut redouter un effet boule de neige…
C’est inexact. Pour qu’une nouvelle langue soit acceptée par l’Union, elle doit en effet préalablement disposer d’un statut officiel dans son pays. Par ailleurs, la demande doit émaner du gouvernement en place. Ces deux conditions ne sont pas réunies en France. Chez vous, seul le français dispose d’un statut officiel. Et, comme je l’ai dit, un gouvernement qui ne souhaiterait pas voir ses langues minoritaires disposer d’un statut officiel en Europe n’est pas tenu d’engager une démarche en ce sens. La situation est donc différente et le risque d’engrenage, inexistant.
Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a accepté cette demande des indépendantistes catalans parce qu’il a besoin de leur soutien pour gouverner. Mais, au fond de lui, il serait peut-être bien content de pouvoir se réfugier derrière un refus des Européens et vous expliquer après le 19 septembre : « Vous voyez ? J’ai essayé, mais ce n’est pas possible… »
Si Pedro Sanchez veut obtenir notre soutien, il sait qu’il doit accepter certaines de nos revendications. Il peut donc au contraire expliquer ceci à ses partenaires européens : « Si je ne cède pas sur la reconnaissance du catalan, je devrai me montrer plus généreux avec les autres revendications des indépendantistes, notamment l’amnistie et le référendum sur l’autodétermination de la Catalogne… » Les autres Européens peuvent le comprendre.
Précisément, où en sont les négociations sur ce sujet ?
Nous considérons comme un préalable l’amnistie de nos responsables et de nos militants, qui ont été emprisonnés, exilés ou condamnés simplement pour avoir voulu une élection. Nous avons bon espoir sur ce point. Nous continuons par ailleurs de penser que, dans un pays démocratique digne de ce nom, le vote est la seule voie démocratique pour régler un différend. L’organisation d’un référendum sur l’autodétermination reste donc notre revendication majeure. Malheureusement, sur cette question, Pedro Sanchez semble fermé.
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