Voilà qui devrait donner quelques couleurs à un marché des fusions-acquisitions dans le secteur de la santé plutôt terne ces derniers mois. Le fabricant de dispositifs médicaux Biocorp vient d’annoncer, lundi 5 juin, son rachat par le géant danois Novo Nordisk pour un montant de 154 millions d’euros.
Le laboratoire pharmaceutique va d’abord acquérir les 45,3 % de parts de Biocorp détenues par l’actuel actionnaire principal, Bio Jag. Le danois proposera ensuite une OPA sur le reste du capital, à 35 euros par action. Le numéro un mondial de l’insuline a notamment été séduit par le capteur connecté, baptisé Mallya, développé par la société française. Ce dispositif médical, qui se fixe sur les stylos injecteurs d’insuline, permet aux patients diabétiques de garder un suivi précis en temps réel des doses injectées quotidiennement, leur évitant ainsi la fastidieuse tâche de noter chaque prise sur un carnet d’autosurveillance.
« Le diabète est une pathologie compliquée à gérer. A l’inverse d’un traitement classique où les prises de médicaments sont fixes, les malades doivent adapter leurs prises en fonction de l’évolution de leur glycémie, ce qui conduit à des oublis ou des surdoses », explique Eric Dessertenne, directeur général de Biocorp.
Une usine à Issoire
Fondé en 2004 par Jacques Gardette, Biocorp (11,7 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2022) a connu plusieurs vies. A son lancement, l’activité de la société était exclusivement centrée sur le développement et la production, dans son usine de plasturgie à Issoire (Puy-de-Dôme), de dispositifs médicaux traditionnels pour des tiers (applicateurs, pipettes, cuillères-doseuses, canules…). Sous l’impulsion de son fondateur, l’entreprise prend, en 2015, un tournant en focalisant son attention sur la e-santé.
Son introduction en Bourse à Paris la même année lui permet alors de lever 10 millions d’euros pour concrétiser son projet. Un pari réussi. Son dispositif connecté pour les patients diabétiques, après avoir décroché le feu vert des autorités de santé, est commercialisé dès 2020, et la medtech signe dans la foulée plusieurs contrats de partenariat avec de grands laboratoires pharmaceutiques, dont Novo Nordisk.
Le rachat par ce dernier devrait permettre au danois de pousser encore d’un cran l’usage de solutions connectées pour le suivi des patients atteints de maladies chroniques. « Au-delà du diabète, notre plate-forme va pouvoir s’adapter à d’autres aires thérapeutiques sur lesquelles Novo Nordisk opère », détaille M. Dessertenne. L’intégralité des équipes françaises (84 salariés) sera conservée, ainsi que le site de production à Issoire, où sont aujourd’hui fabriqués tous les produits de Biocorp pour le monde entier.
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