La cour d’assises spéciale de Paris a rendu son verdict, vendredi, confirmant le jugement de première instance qui condamnait à 14 ans de réclusion Kevin Guiavarch, pionnier français du jihadisme. Sa peine est assortie d’une mesure de suivi socio-judiciaire de cinq ans.
Publié le : 26/05/2023 – 22:32Modifié le : 26/05/2023 – 22:36
Sa peine a été confirmée. Jugeant en appel, la cour d’assises spéciale de Paris s’est une nouvelle fois montrée plus clémente que le parquet en confirmant, vendredi 26 mai, le jugement de première instance qui condamnait à 14 ans de réclusion, assortie d’une période de sûreté des deux-tiers, le « repenti » Kevin Guiavarch, pionnier français du jihadisme.
Son épouse Salma O., qui comparaissait libre, a été condamnée à six ans d’emprisonnement, également comme en première instance, qu’elle pourra accomplir à domicile sous bracelet électronique en raison de ses « efforts de réinsertion ».
Sa peine est assortie d’une mesure de suivi socio-judiciaire de cinq ans.
Ces peines, confirmées par la cour d’appel, étaient jugées insuffisantes par le Parquet national antiterroriste (Pnat) qui avait fait appel pour revoir leur durée.
« Ni un fanatique, ni un illuminé »
Lors de ses réquisitions vendredi, l’avocat général avait requis 18 ans de réclusion avec une période de sûreté des deux tiers contre Kevin Guiavarch (comme lors du procès en première instance) et 12 ans de réclusion contre son épouse (contre 14 ans lors du procès de première instance) avec un suivi socio-judiciaire de cinq ans.
« La culpabilité des accusés n’est plus en débat aujourd’hui », avait rappelé l’avocat général.
« La société a besoin de temps » pour « faire confiance » aux accusés, a-t-il expliqué avant de concéder que les deux accusés ne faisaient pas partie des « soldats d’élite » de l’organisation État islamique et n’avaient pas participé à des exactions imputées à l’organisation jihadiste.
Kevin Guiavarch n’est « ni un fanatique, ni un illuminé », a reconnu l’avocat général mais, a-t-il insisté, « c’est la peine qui marque la gravité des faits commis ».
« Il ne faut pas minimiser » le rôle de Salma O., a-t-il également souligné tout en saluant les « liens » qu’elle a su renouer avec ses enfants (nés pendant le séjour du couple en Syrie) et sa « reprise d’activité » professionnelle.
« Redonnez-moi la chance que vous m’aviez donnée en me permettant de reprendre un travail et mon métier de mère », avait demandé Salma O. à la cour avant qu’elle ne se retire pour délibérer.
En rendant son verdict, la cour d’assises spéciale d’appel a salué les efforts de Salma O. pour se réinsérer socialement.
Quatre épouses
Kevin Guiavarch, 30 ans, et Salma O., 41 ans, ont été parmi les premiers Français à rejoindre la Syrie au début de l’année 2013 avant même la naissance officielle de l’organisation État islamique (EI).
Ayant fait allégeance à l’organisation EI en juin 2013, Kevin Guiavarch a soutenu avoir été seulement « brancardier » ou « infirmier », n’admettant avoir participé qu’à des surveillances de check-point alors même qu’il postait sur Facebook des photos de lui (et de Salma) en treillis et en armes, bandeau des martyrs sur le front.
Sur zone, il avait fait venir de France trois jeunes femmes, parfois avec leurs enfants, pour les épouser. « La polygamie permise par l’islam » a été l’une des raisons de son engagement, a-t-il reconnu.
Il avait quitté la Syrie avec sa famille élargie et leurs six enfants en juin 2016. Arrêté en Turquie puis remis aux autorités françaises, il est incarcéré depuis 2017.
Pour l’avocat général, le départ de Syrie n’était « pas une prise de conscience de ce qu’était » l’EI mais relevait de « l’opportunisme » alors que l’organisation subissait des revers sur le terrain.
En rendant son verdict, la présidente de la cour d’assises spéciale d’appel, Emmanuelle Bessone, a rappelé que Kevin Guiavarch avait « combattu sur zone mais pas tout le temps ».
« La durée (de présence) sur zone ne correspond pas à votre engagement » aux côtés de l’EI, a-t-elle affirmé.
Avec AFP
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