ESSAI – Avec un SUV électrique aux antipodes des préceptes de légèreté de ses sportives classiques, Lotus veut conquérir une nouvelle clientèle sans trop renier son ADN. Mission impossible?
La vie est faite de choix et, pour un petit constructeur de voitures de sport à l’ancienne, le salut est hors de sa zone de confort. Comme Porsche avec le Cayenne en 2002, Lotus devrait donc passer par la case SUV s’il veut trouver la rentabilité. C’est manifestement la stratégie mise en place par son propriétaire depuis 2017, le tentaculaire groupe chinois Geely, qui a déjà remis à flots Volvo avec un talent certain. Ainsi l’Eletre est-il le premier modèle d’une future gamme zéro émission signée Lotus, dans une entité séparée du siège historique de Hethel, avec des bureaux à Londres, un centre de R&D à Francfort et une usine dédiée en Chine, à Wuhan. Il sera vite rejoint par une grande berline, puis un SUV plus compact et, à terme, une voiture de sport à deux places (un temps prévue avec Alpine). De quoi concurrencer directement Tesla ou les futurs modèles électriques de Porsche, avec l’ambition de passer d’une production de quelques centaines d’exemplaires à 150 000 véhicules par an en 2028. Mais que les puristes se rassurent, en parallèle, Lotuscontinue de fabriquer en Angleterre des sportives poids plume, comme la récente Emira 4 cylindres ou V6, dont le succès oblige ses clients à plus d’un an d’attente.
Au moins 2,5 tonnes sur la balance
Un SUV de 5,10 m de long embarquant une énorme batterie de 600 kilos fait forcément une croix sur toute idée de légèreté. En effet, l’Eletre oscille entre 2,5 et 2,7 tonnes selon les versions… Qu’importe, au volant, on apprécie la vivacité de ce SUV, la douceur de ses commandes et le ressenti naturel de sa direction. Il est vrai que notre Eletre S d’essai est équipé des roues arrière directrices optionnelles qui font des miracles en manœuvrabilité à basse vitesse tout comme en stabilité. Une fois lancée grâce aux 603 chevaux et aux 710 Nm de couple envoyés aux quatre roues par les deux moteurs fournis par l’équipementier allemand ZF, forts d’un couple de 710 Nm, l’auto autorise des dépassements éclairs.
Même en mode sport – assiette abaissée de 15 mm -, l’efficacité du comportement offert par la plateforme développée spécialement et la maîtrise remarquable des mouvements de caisse grâce à l’antiroulis actif ne compromettent pas le confort prodigué par les suspensions pneumatiques actives en série. Rappelons aussi qu’une version R est au programme, proposant une débauche de puissance encore plus importante, avec 905 chevaux.
Soif de kilowattheure
L’immense accumulateur de 109 kWh nets fourni par CATL permet au SUV sino-britannique d’annoncer une autonomie homologuée de 600 km. La consommation très élevée (entre 22 et 30 kWh/100 km) ne permettra pas d’aller aussi loin, mais approcher les 500 km semble de l’ordre du possible en ayant le pied léger sur l’accélérateur. Heureusement, Lotus a vu grand pour la recharge avec une architecture sous 800 V encaissant des charges ultrarapides à 355 kW, à condition de trouver une borne qui en est capable, pour repasser de 10 à 80 % en juste 20 minutes.
Le design subtil de ce SUV XXL réussit à affiner sa silhouette et jouer la sportivité. Sept canaux de passage d’air contribuent à sculpter le dessin et à améliorer l’efficience aérodynamique, avec un Cx atteignant 0,26. Dans l’habitacle tout habillé de cuir et d’Alcantara, constellé d’écrans (jusqu’à 7), Lotus joue la carte d’un luxe très high-tech. Leurs interfaces sont sophistiquées, mais assez faciles d’usage. Une exceptionnelle collection de capteurs extérieurs (4 lidars, 7 caméras et 6 radars de série) promet une future évolution vers la conduite autonome, même si au départ les clients devront se contenter de fonctionnalités classiques. Très habitable et pourvu d’un coffre généreux de 688 litres, l’Eletre est une invitation au voyage, en silence ou au son, remarquable, de son installation audio signée par Kef, spécialiste anglais de la hi-fi.
Le positionnement prix, à partir de 97 890 €, représente un bon compromis face à des concurrents allemandes premium nettement plus onéreux. Le SUV Lotus est bien placé aussi face à son cousin du groupe Geely, le Volvo EX90, ou une Tesla Model X qui ont tous deux l’avantage de pouvoir accueillir sept personnes.
Fiche technique
Moteurs: 2 électriques synchrones à aimant permanent
Puissance: 603 chevaux
Couple: 710 Nm
Transmission: traction intégrale, 1 rapport
Dimensions (L/l/h): 5 103 × 2 019 × 1 636 mm
Coffre: 688 litres + 46 litres (avant)
Poids: 2 565 kilos
Performances (0-100 km/h): 4,5 secondes
Vitesse: 258 km/h
Consommation (mixte WLTP): 21,4-22,5 kWh/100 km
Autonomie: 600 km
Prix: 97 890 €
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