Martin Sion

« L’Europe est de retour » : Ariane 6 a mis en orbite mardi une dizaine micro-satellites, marquant le succès du vol inaugural de la fusée et le retour d’un accès autonome à l’espace pour l’Europe, malgré l’échec de la rentrée atmosphérique de l’étage supérieur en fin de mission. « Ce que l’on a vécu mardi était vraiment un moment historique », assure sur France Inter Martin Sion, PDG d’ArianeGroup.

« C’est pas souvent qu’on a un premier vol d’une nouvelle fusée. La dernière fois que ça nous était arrivé, c’était Ariane 5 en 1996, ça s’était pas bien passé. Et puis c’est historique aussi parce que depuis un an, l’Europe n’avait plus accès à l’espace, plus d’accès indépendant. Ça veut dire que les États, quand ils voulaient lancer un satellite, devaient trouver un accord avec une autre puissance spatiale. »

Mais aussi avec des entreprises privées, comme SpaceX d’Elon Musk. « Notre objectif, c’est que les États membres de l’Agence spatiale européenne, lorsqu’ils ont une charge utile à lancer, ils puissent le faire en toute indépendance. Aujourd’hui, on a un objectif d’avoir à peu près quatre lancements pour les États par an. Industriellement, on va chercher cinq clients commerciaux sur le marché international pour faire neuf lancements. Et aujourd’hui, on a 28 lancements qui sont en carnet de commandes, ça fait plus de trois ans de carnet de commandes ! Ça montre l’appétit qui peut exister pour ce lanceur. Une très grande majorité sont des lancements commerciaux : donc oui, Ariane est de retour, même si nous ne faisons pas la même chose que SpaceX. SpaceX lance essentiellement des satellites de SpaceX pour la constellation de SpaceX, qui s’appelle Starlink. »

« Chez Ariane Group, depuis deux ans, on a lancé une filiale, Maya Space, qui développe un petit lanceur qui s’appelle Maya et qui sera le premier lanceur réutilisable européen pour que cette technologie soit disponible en Europe », annonce également Martin Sion. Le premier vol commercial est prévu en 2026.