Le ciel est moins bleu pour le cobalt. Alors que le cours du métal planait dans les cieux azuréens, il y a un an, il a soudain décroché et est parti en piqué. Depuis janvier, le trou d’air se chiffre, en valeur, à près d’un tiers. Le cobalt bat de l’aile… La tonne se négocie actuellement autour de 34 500 dollars (32 135 euros) sur le London Metal Exchange. La comparaison est plus brutale encore, si le curseur est placé au printemps 2022 : le plafond des 80 000 dollars était alors dépassé, après une ascension accélérée du métal bleuté.
Les investisseurs tirent à vue sur l’ancienne star déchue. Ball-trap sur le cobalt. Mais, pour expliquer ce règlement de compte financier à O.K. Corral, ils ne manquent pas de cartouches. Ils soulignent la production en surchauffe de cette matière première. En 2022, l’extraction de ce coproduit des mines de cuivre et de nickel a tourné à plein feu, et les volumes auraient progressé de plus de 20 %. Autre élément dans la ligne de mire des investisseurs : l’appétit des clients a ralenti. Une baisse de régime causée, en particulier, par la moindre dynamique de l’industrie électronique. Passer d’un déficit à un surplus même modéré déclenche le barillet des marchés.
Pour autant, le pouvoir d’attraction de ce métal qualifié d’« électrique » reste fort. Les acteurs sont survoltés par les perspectives de ventes de batteries pour les véhicules électriques. Car si quelques grammes de cobalt se glissent sous la coque d’un smartphone, la jauge passe en kilos sous le capot. La marge de manœuvre est serrée pour l’industrie automobile soucieuse de son approvisionnement. D’autant que les trois quarts des volumes de cobalt proviennent des riches sous-sols de la République démocratique du Congo (RDC). Un pays où les conditions d’extraction sont teintées de corruption et de recours au travail des enfants. Un casse-tête éthique pour les constructeurs.
Pactole congolais
Les tensions sont montées d’un cran autour du pactole congolais de cobalt. Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, souhaite une révision de l’accord minier conclu en 2008 avec la Chine. Cobalt et cuivre contre la construction d’infrastructures, le contrat de troc est-il en toc ? La RDC souhaite accroître sa participation dans la coentreprise minière sino-congolaise Sicomines et mieux garantir ses intérêts. Un différend a également éclaté avec le groupe chinois CMOC au sujet des royalties, jugées insuffisantes, versées pour exploiter la mine de Tenke Fungurume. Depuis juillet 2022, les autorités congolaises ont stoppé les exportations avant de régler le contentieux en avril. Le métal stocké devrait maintenant s’écouler…
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