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Mort de Socayna à Marseille : de l’effroi à la colère face à la possibilité d’être « une victime collatérale »


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Un drame d’une injustice inouïe. Socayna, une jeune femme de 24 ans, a perdu la vie mardi après avoir reçu des tirs de kalachnikov lancés à l’aveugle, dans une cité du sud-est de Marseille.

Si les fusillades occupent régulièrement les rubriques des faits divers de la ville et que Socayna n’est pas la première victime collatérale des tirs entre dealers de drogue, la mort brutale de la jeune femme, alors qu’elle se trouvait dans sa chambre, chez sa mère, frappe particulièrement les esprits. Quelques jours après la disparition de la jeune femme, un sentiment mêlé d’inquiétude et de colère gagne désormais la cité phocéenne.

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Des tirs à l’aveugle dans la cité

Dimanche soir, aux alentours de 23 heures, le calme de la cité Saint-Thys du 10e arrondissement de Marseille, pourtant réputée comme « plutôt tranquille », selon la procureure de la République Dominique Laurens, est soudainement perturbé par l’arrivée en trombe d’un scooter.

Installées sur le véhicule, deux personnes tirent d’abord avec une kalachnikov en direction d’une pharmacie, où est installé un point de deal, avant de tirer en l’air.

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Mais certains de ces coups de feu lancés à l’aveugle touchent plusieurs immeubles à proximité. Une balle, notamment, traverse le mur de l’appartement où se trouve Socayna, situé au troisième étage.

« Je croyais que c’était des pétards »

La jeune femme se trouve ce soir-là dans le logement familial avec sa mère et sa petite soeur de 15 ans. Ces deux dernières sont couchées dans la chambre qu’elles partagent quand elles entendent soudainement de violentes détonations.

« Au début, je croyais que c’était des pétards, mais c’était fort », raconte Layla, la mère de Socayna, à BFMTV.

« J’étais dans ma cuisine, quand j’ai commencé à entendre des tirs », se souvient également un voisin à notre micro. « Je suis parti voir à la fenêtre ce qu’il se passait et j’ai vu un scooter avec deux personnes, avec le passager qui avait une kalachnikov dans la main », assure-t-il.

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« J’ai vu ma fille par terre »

Alertée par le bruit, Layla se rend dans la cuisine en compagnie de sa plus jeune fille. « J’ai eu peur. J’ai dit à la petite: ‘Ferme la fenêtre' », se souvient-elle. La petite soeur de Socayna se rend ensuite dans la chambre de son aînée en pensant simplement récupérer son chargeur. Mais en entrant, c’est une vision d’horreur.

« J’ai entendu des cris, j’ai vu ma fille par terre. Le sang, c’était une rivière », se désole la mère de la jeune femme.

Le voisin entend sa voisine du dessus hurler: « Appelez les pompiers! » Il se précipite à l’étage et découvre à son tour le corps de la jeune femme. « C’était horrible. La victime s’est pris une balle dans la bouche, elle était par terre dans une mare de sang », frémit-il.

Morte moins de 48 heures plus tard

Transportée à l’hôpital de la Timone, dans un état grave, Socayna est déclarée en état de mort cérébrale moins de 24 heures après les tirs. Elle décède finalement mardi matin.

Outre l’appartement de la mère de Socayna, trois autres logements sont touchés par les tirs, mais sans faire de blessés. 22 douilles de kalachnikov sont ensuite retrouvées par les forces de police dans la cité.

« (Les victimes) n’ont pas été blessées physiquement, mais vous comprendrez bien évidemment la situation psychologique dans laquelle elles peuvent se trouver », souligne la procureure de la République de Marseille Dominique Laurens en conférence de presse.

Une mère désemparée

La disparition de Socayna, une « belle fille », étudiante en droit, avec « beaucoup de projets », selon sa mère, laisse Layla pleine de chagrin. « Elle m’a laissée, je ne sais pas pourquoi elle m’a laissée trop tôt », pleure-t-elle au micro de BFMTV.

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Le fils d’une voisine, dont l’appartement aussi a été visé par des tirs, confie sa frayeur après avoir retrouvé des ogives sur le lit de sa mère. Pour lui, le bilan aurait pu être plus lourd. « Si ma mère était dans son lit, elle serait morte à l’heure qu’il est », clame-t-il.

Un sentiment d’insécurité

Dans la cité Saint-Thys, la mort de la jeune femme, alors qu’elle se trouvait simplement dans sa chambre, crée la stupeur. Chez Layla, la tristesse d’avoir perdu sa fille aînée se conjugue rapidement avec la colère. « Il n’y a pas de sécurité », dénonce-t-elle auprès de BFMTV.

« On vit dans des quartiers, on a peur des jeunes avec des kalachnikovs. Jour et nuit, il y a du feu, on ne peut pas parler. On téléphone à la police et même la police ne peut rien faire », accuse-t-elle.

La préfète de police des Bouches-du-Rhône Frédérique Camilleri assure de son côté que la cité n’avait pas la réputation d’être particulièrement violente. « Ce n’est pas un point de deal extrêmement important. Cette cité était relativement calme ces derniers temps », juge-t-elle.

« J’ai mis mon matelas par terre »

Aujourd’hui, les riverains ne cachent pas leur inquiétude. Pour Lila, dont la chambre donne sur la rue où les tirs ont retenti, l’angoisse prédomine désormais.

« Mon fils ne dort plus dans sa chambre depuis qu’il y a eu ça. Tant que le problème n’est pas résolu, il dort dans mon lit et moi, je dors sur mon divan. J’en suis là », confie-t-elle au micro de RMC.

« J’ai trop peur, j’ai mis mon matelas par terre, et je le mettrai même dans le salon les soirs suivants », assure dans les colonnes de La Provence Soulim, 17 ans, voisin de Socayna.

Des riverains en colère

Le drame suscite d’autant plus la colère des locaux que certains habitants de la cité Saint-Thys avaient déjà tiré la sonnette d’alarme au début de l’été concernant les violences en lien avec les narcotrafiquants.

« On disait à nos enfants ne restez pas tard dehors. Mais maintenant qu’est-ce qu’on fait? On va les enfermer dans la maison? », s’insurge une riveraine auprès de BFMTV.

Déjà en avril dernier, un homme dont le frère était mort, lui aussi victime collatérale d’une fusillade, avait accusé les pouvoirs publics de ne pas en faire assez.

« Tous les jours, on entend qu’il y a des morts. J’en veux à l’État parce qu’ils ne font rien du tout », dénonçait-il au micro de BFM Marseille Provence.

9 morts collatérales en 3 ans

Selon le décompte de La Provence, neuf personnes ont perdu la vie ces trois dernières années après avoir été victimes de balles perdues en lien avec le trafic de drogue. Loin d’être anodin, le phénomène porte désormais un nom, prononcé pour la première fois la semaine dernière par la procureure Dominique Laurens: les narchomicides.

« On n’est pas véritablement dans la notion de règlement de comptes, mais vraiment sur des homicides liés au narcobanditisme », expliquait-elle ensuite sur France Info.

Pas suffisant pour convaincre les associations de l’implication des pouvoirs publics. Après le drame survenu à Saint-Thys, l’association « Conscience », destinée à redorer l’image des jeunes Marseillais, a annoncé lundi sur BFM Marseille Provence déposer un référé-liberté pour « rappeler la responsabilité » de l’État et « dénoncer (son) inaction ».

Une enquête ouverte

Une enquête en flagrance a été ouverte des chefs d’assassinat et de tentative d’assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime et confiée la direction territoriale de la police judiciaire de Marseille.

En réponse à cette fusillade, la préfète de police des Bouches-du-Rhône a annoncé la présence de renforts policiers dans la cité ainsi que dans d’autres quartiers de la ville jugés comme à risques.

Il s’agit du 93e homicide ou tentative d’homicide lié au narcobanditisme recensé depuis le début de l’année dans la ville, selon la procureure de la République de Marseille Dominique Laurens. Parmi elles, 43 n’ont pas survécu.

Article original publié sur BFMTV.com

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