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« Oui, le niveau des élèves en français baisse, n’en déplaise aux linguistes atterrés »

, « Oui, le niveau des élèves en français baisse, n’en déplaise aux linguistes atterrés »

Les grilles de lecture du monde social ont ceci de remarquable qu’elles condamnent à ne voir que ce que l’on veut bien voir et à ignorer le reste ; souvent, même, à transformer toute infirmation de la grille en confirmation. C’est ainsi qu’aveuglés à la fois par leur désir de justice linguistique et par leur incapacité saisissante à reconnaître, selon la logique libérale, qu’un retour en arrière puisse, dans certains cas, constituer un progrès – comme l’a démontré le philosophe Jean-Claude Michéa dans Le complexe d’Orphée (Flammarion, 2011) –, le collectif des « linguistes atterrés » s’emploie sinon à nier, du moins à minimiser fortement le déclin du niveau des élèves français dans leur langue maternelle, qui n’est pas attesté uniquement par la quasi-totalité des enseignants expérimentés (lesquels n’ont pas le moindre doute à cet égard), mais aussi par les études existantes.

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Partons d’un fil Twitter publié le 8 août sur le compte « Tract Linguistes », animé par Christophe Benzitoun, Arnaud Hoedt et Maria Candea, qui ont tous trois participé à la rédaction de l’ouvrage de la collection Tracts Le français va très bien, merci, paru cette année chez Gallimard. À la question « Baisse du niveau en français, fantasme ou réalité ? », ils répondent d’emblée : « La langue française ne s’appauvrit pas ! » S’il s’agit de dire qu’une langue, conçue comme abstraction théorique plus ou moins indépendante des locuteurs (telle qu’elle s’exprime dans les grammaires et dans les dictionnaires), est par définition incapable de s’appauvrir, alors la tautologie ne présente pas le moindre intérêt. S’il s’agit, en revanche, conformément à l’esprit du reste du fil Twitter, de prétendre que les compétences des élèves ne baissent pas (thèse que confirment pourtant, bien que modérément, certaines de leurs allégations), alors cet énoncé relève de l’escroquerie pure et simple.

Trois types d’arguments, tous faux

Leur argumentation procède en trois étapes :

(1) Orthographe : les trois linguistes reconnaissent une baisse du niveau chez les jeunes élèves (« un élève d’aujourd’hui en CM2 (11 ans) fait en moyenne 2 fois plus d’erreurs qu’un élève de 1987 »), mais s’en sortent par une pirouette : « Mais est-ce que le niveau est rattrapé plus tard ? Mystère. » Aidons-les à dissiper le « mystère » : non, il n’est pas rattrapé plus tard. Second argument : « Contrairement à une idée reçue tenace, jamais l’orthographe n’a été maîtrisée par une majorité de la population française. Bref, elle ne s’est jamais réellement diffusée et cela représente un vrai problème démocratique. » Encore une pirouette : d’une part, « maîtriser l’orthographe » ne veut rien dire (jusqu’à quel point ?) ; d’autre part, leur plaidoyer visait à réfuter l’idée d’un « déclin » (question désormais éludée) et non notre capacité à conduire la totalité des citoyens d’un État à maîtriser l’orthographe jusque dans ses moindres subtilités.

« Il est surtout difficile d’affirmer que le niveau ne baisse pas. »

(2) Compréhension en lecture : ici, nos linguistes éclairés se basent sur la seule enquête PIRLS (Programme international de recherche en lecture scolaire) de 2021, selon laquelle « le niveau moyen en compréhension n’a baissé que de 2 % », pour en conclure qu’« il est […] difficile d’affirmer que le niveau baisse de manière significative alors même que le nombre de redoublants a été divisé par plus de deux ». En réalité, il est surtout difficile d’affirmer que le niveau ne baisse pas, ou à peine, à partir des résultats globaux d’une seule étude, qui ne portent par ailleurs que sur une vingtaine d’années (qu’en est-il donc des cinquante dernières années ?).

(3) La question des inégalités : pour les auteurs du fil Twitter, « plus le système est égalitaire, plus il est efficace ». Cette affirmation est pourtant beaucoup trop globale pour pouvoir afficher une quelconque prétention à dire le vrai. Il va de soi qu’une classe qui regrouperait vingt excellents élèves serait infiniment plus efficace qu’une classe qui comporte deux excellents élèves, douze élèves moyens, quatre élèves faibles et quatre élèves très faibles. Quel peut donc bien être le sens de cet énoncé ? « Mystère. » On s’interrogera, du reste, sur son intérêt puisque, comme l’assurent nos trois spécialistes, « la langue française ne s’appauvrit pas ! » Alors est-il besoin de réformer quoi que ce soit ? Ou faut-il déduire de cet appel à plus d’égalité que la réalité est bel et bien, contrairement à ce qui est affirmé, celle d’un déclin des compétences en français ?

Ce que disent les chiffres

Un examen sérieux de la question des compétences des élèves en français aurait sans doute conduit nos trois linguistes vers un rapport de l’Insee daté de 2011, de Jeanne-Marie Daussin, Saskia Keskpaik et Thierry Rocher et intitulé « L’évolution du nombre d’élèves en difficulté face à l’écrit depuis une dizaine d’années ».

« Les difficultés des élèves avec la langue écrite ont nettement augmenté. »

Bien que la date de publication du rapport ne permette malheureusement pas d’en apprendre davantage sur les développements les plus récents, celui-ci étaye toutefois la thèse d’une tendance générale vers le bas, cette thèse « réactionnaire » portée par tous les papys grincheux contre lesquels les idolâtres béats de la modernité partent en croisade (croyant ainsi naïvement combattre « l’extrême droite »). Il a en tout cas le mérite de diversifier et de comparer les sources plutôt que de se jeter aveuglément sur les seuls résultats supposés étayer une grille de lecture conçue en amont.

Ce rapport, qui étudie une évolution d’environ dix ans, nous enseigne qu’alors que les élèves « moyens » ont réalisé des performances à peu près stables durant la période examinée, les difficultés des élèves avec la langue écrite ont nettement augmenté : « En fin d’école, le pourcentage d’élèves faibles en compréhension de l’écrit a presque doublé de 1997 à 2007, passant de 11,0 % à 21,4 %, selon les résultats de l’évaluation LEC. En début de 6e, la part des élèves en difficulté de lecture augmente également, mais de manière moins marquée d’après l’enquête SPEC6 […] : de 14,9 % en 1997 à 19,0 % en 2007. » On est loin des 2 % mis en évidence par l’enquête PIRLS de 2021 dont il était question plus haut…

Des linguistes idéologues

Le rapport s’intéresse dans le détail aux différents problèmes que rencontrent les élèves. L’orthographe est indéniablement en déclin : « La même dictée a été proposée aux élèves de CM2 en 1987 et en 2007, à partir d’un texte d’une dizaine de lignes. Le nombre moyen d’erreurs est passé de 10,7 en 1987 à 14,7 en 2007 […]. Le pourcentage d’élèves qui faisaient plus de 15 erreurs était de 26 % en 1987, il est aujourd’hui de 46 %. […][En 2007], 87 % des élèves conjuguaient correctement « tombait » dans la phrase « Le soir tombait. » ; aujourd’hui, ils ne sont plus que 63 %. » Selon une autre étude, « les élèves en début de 6e en 2007 ont une maîtrise de la langue française moins bonne qu’en 1997 : un niveau de vocabulaire plus pauvre, une moins grande maîtrise orthographique et un plus faible niveau de compréhension d’énoncés écrits. »

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On pourra, autant qu’on le souhaite, faire valoir que l’expérience des enseignants et les études existantes – qui ont des limites réelles (que le rapport prend soin d’énumérer) – ne sont pas des preuves ultimes de l’existence d’un déclin. Le scepticisme aurait alors des airs de malhonnêteté intellectuelle, mais garderait malgré tout une certaine légitimité. En revanche, il apparaît clairement que nos connaissances sur l’évolution du niveau des élèves en français ne peuvent en aucun cas être convoquées pour réfuter la thèse d’un déclin du niveau. Les « linguistes atterrés » ne sont pas des scientifiques mais des idéologues. S’il n’est pas « parfaitement » certain que le niveau des élèves en français ait baissé au cours des dernières décennies, il est toutefois manifeste que le niveau moyen de la recherche scientifique est au plus bas. L’a-t-il toujours été, ou est-il en déclin ?

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