La fashion week haute couture allait-elle avoir lieu comme prévu du 3 au 6 juillet ? Il était permis d’en douter. Le 2 juillet, veille de son inauguration, les émeutes liées à la mort de Nahel M. continuaient d’agiter le pays. La marque de prêt-à-porter Celine avait annulé son défilé homme qui devait avoir lieu ce jour-là, tandis que du côté de la Fédération de la haute couture et de la mode on planchait déjà sur un communiqué de presse annonçant l’annulation de la semaine de la mode.
Pourtant, avec l’autorisation de la Préfecture de police de Paris, l’événement mode a bien eu lieu, sans heurt, sans vagues, presque comme à l’ordinaire : trente-deux défilés autour desquels se sont formés des attroupements pour guetter l’arrivée de stars telles que les chanteuses Shakira, Cardi B ou l’actrice Naomi Watts. Quelques invités américains et asiatiques ont bien renoncé à venir, mais l’éminente Anna Wintour était là et les rangs des shows étaient combles.
On pourrait accuser le luxe d’être déconnecté de son environnement, mais si la fashion week haute couture s’est maintenue, c’est aussi parce que cette discipline, qui n’existe qu’à Paris, participe au rayonnement culturel et économique de la capitale. Les designers en sont conscients, et pour cette saison automne-hiver 2023-2024, beaucoup ont démontré l’étendue de leur savoir-faire et leur capacité à repenser l’essence du vêtement à coups de mises en scène théâtrales.
Seconde peau
« La haute couture a toujours été, à juste titre, une source de fierté pour Paris. Même si le contexte est difficile, on ne peut pas mettre à la poubelle le travail d’artisans qui dédient leur vie à ça », plaide Daniel Roseberry, qui, chez Schiaparelli, continue d’explorer la Divine Comédie de Dante. Pour se tenir à l’écart d’éventuelles polémiques après avoir été accusé de faire l’apologie de la chasse avec des robes tête de lion la saison passée, ses inspirations sont restées esthétiques et éthérées : des interprétations du travail d’artistes qu’il admire ou ayant travaillé avec Elsa Schiaparelli. Ainsi, il a peint un corps humain à la manière de Lucian Freud, puis chaque coup de pinceau a été reproduit sous forme de mosaïques en sequins, assemblées ensuite sur une robe en maille Stretch, comme une seconde peau. On trouve aussi des hommages à Yves Klein à travers une jupe à volants rigides d’un bleu intense. « On a des couleurs, du drame, des proportions incroyables, c’est vraiment une collection pour les gens qui aiment la mode. Pas pour Internet », estime à raison le designer.
Un autre Américain que la haute couture fait rêver, c’est Thom Browne. Ce nouveau venu dans le calendrier a réuni ses invités sur la scène de l’Opéra Garnier pour un défilé aux airs de pièce de théâtre, avec la mannequin Alek Wek, installée au centre de la scène, l’air rêveur, au milieu de bagages et de (faux) pigeons. Elle contemple la procession de personnages qui déambulent devant elle, tous en gris, dans des tenues d’une virtuosité étonnante. Les fils de laine, de soie, utilisés comme des pinceaux, servent à dessiner des paysages marins évoquant la Côte est des Etats-Unis, auxquels Browne fait souvent référence sur des manteaux aux volumes XXL. Ici, un homard géant doré brodé s’agrippe le long de la colonne vertébrale, des sequins carrés reproduisent des crabes pixellisés, des bandeaux de tulle imbriqués et piqués de perles miment le mouvement des vagues, des perles transparentes servent à dessiner des bancs de poissons. Le maquillage clownesque et les perruques baroques donnent à l’ensemble un côté dramatique et décalé. Thom Browne reste fidèle à son esthétique, mais insuffle à son travail un niveau de sophistication très parisien.
Depuis 2021, Jean Paul Gaultier laisse les rênes de ses collections haute couture à des créateurs invités. Cette saison, au tour de Julien Dossena (à la tête du prêt-à-porter de Paco Rabanne depuis dix ans). « Travailler avec les ateliers de Gaultier qui maîtrisent parfaitement les techniques de la couture a été une expérience galvanisante ! Je ne sais pas comment je vais pouvoir faire sans », sourit-il. Sur le podium rétréci – les pans de vêtements frôlent les jambes des invités –, il déroule une partition truffée de références, où des tabliers en dentelle exquise sont portés sur des costumes ajustés, où les corsets avec les seins coniques iconiques sont mixés avec des drapés de mesh argenté et où la marinière se réinvente à travers une robe métallique pesant plus de 10 kilos. Chaque modèle porte le nom d’un quartier de Paris. « Ce sont des lieux qui font sens pour Jean Paul ou pour moi. Il y a les puces de Saint-Ouen par exemple, où j’aime passer du temps », ajoute Julien Dossena. Cette silhouette est ainsi composée d’un corset entièrement constitué de cravates vintage. « Père-Lachaise » est une longue robe de velours noir dont le décolleté est piqué de – vraies – roses rouges, tandis que « Ecole militaire » renvoie à une veste d’officier richement brodée. Julien Dossena réussit ici à livrer une collection qui exulte aussi bien l’univers de Gaultier que celui de Rabanne.
Monde imaginaire
« On a toujours considéré la couture comme un laboratoire pour développer de nouvelles idées. On continue de travailler comme ça, dans cet espace sûr, sans commercialité, soutenu par un artisanat exceptionnel », expliquent Viktor & Rolf. Pour célébrer le trentième anniversaire de la marque, le duo néerlandais a concentré sa créativité sur le plus petit vêtement possible, le maillot de bain – moulé sur le corps, sans élasthanne, sinon c’est trop facile. Chaque pièce est décorée des codes emblématiques de la maison : nœuds à foison, volants en folie, jeux de mots sur de grosses lettres sculptées, trompe-l’œil… Le tandem s’est même représenté sous la forme de costumes noirs masculins que l’on dirait portés par des fantômes aux visages invisibles, agrippés à la taille des mannequins ou perchés sur les épaules.
Dans un genre moins léger, leur compatriote Iris van Herpen a imaginé sa collection autour d’un monde imaginaire où il y aurait une vie humaine dans les fonds marins. « Je viens des Pays-Bas. Là-bas, nous sommes au niveau de la mer, je pense beaucoup aux dégâts causés par le changement climatique », explique-t-elle. La collection présente une succession de créatures drapées dans des soies organza mordorées, sanglées dans des structures découpées au laser et brodées de sequins brillants ou encore de grandes robes-capes aux découpes asymétriques. « J’utilise de nombreuses techniques différentes, celles traditionnelles de la couture à la main bien sûr, mais également des découpes au laser ou du moulage par injection. Fusionner le passé et le futur, c’est ce qui m’intéresse le plus dans mon travail. »
Chez Balenciaga, le directeur artistique Demna a aussi l’ambition de créer un pont entre le passé et le présent : la mannequin Danielle Slavik, égérie de Cristobal Balenciaga dans les années 1960, ouvre le défilé avec une robe en velours noir avec un collier de perles intégré, sobre et classique ; le show se clôt avec une robe armure de chevalier inspirée de Jeanne d’Arc, imprimée 3D en résine et polie en chrome. Entre les deux, Demna explore toutes les possibilités d’un vestiaire, telles que les robes pour briller, les tailleurs stricts, l’uniforme jean-pull-manteau… Mais il leur applique un traitement haute couture : la robe en dentelle rouge rigide répond à une autre complètement fluide, sans structure, composée de dix mille cristaux. Les vestes de tailleur sont montées à l’envers, avec le col au niveau de la taille. Les pantalons en jean et les manteaux en cuir ou fourrure s’avèrent être des huiles sur canevas, peintes à la main par des artistes puis assemblées en vêtement (compter environ 280 heures de travail pour chacun).
« J’aime que la couture en mette plein les yeux, mais aussi quand elle ne se voit pas », explique Demna. Il estime que cette discipline, qui peut paraître anachronique, reste importante pour la santé de la mode. « L’industrie se trouve dans un état critique, à force de fausse créativité, d’impostures, de marketing et de bla-bla. La haute couture est le seul outil qui montre l’essence de mon métier : faire de vrais vêtements qui prennent en compte ceux qui vont les porter. Je la vois un peu comme un antivirus, qui ne sauvera pas la mode mais qui lui permet de garder son immunité. » Et de rester un trésor national au fort pouvoir d’attraction.
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