Paris (AFP) – Quel paradoxe! L’année ou le Paris Saint-Germain bat le record de titres en décrochant une onzième Ligue 1 est aussi celle où il a connu le plus de crises internes, concluant le fiasco de la révolution anti « bling-bling » promise.
A une journée de la fin de la saison, le PSG compte 85 points et ne peut plus être rejoint, après un match nul (1-1) à Strasbourg.
Paris réussit des révolutions, mais pas celles qu’il voudrait. La ville qui a guillotiné Louis XVI a fait l’affront de siffler le roi Lionel Messi. Le club parisien n’est pas parvenu à renverser l’image d’un club de divas, et n’a toujours pas remporté cette fameuse Ligue des champions, sorti facilement dès les 1/8 de finale par le Bayern Munich (1-0/2-0).
Autre révolution, l’institution aux capitaux qataris a su en seulement onze ans à devenir une marque de sport mondiale, toujours à la pointe du marketing, mais pas un club qui gagne au-delà de ses frontières, régnant sur une Ligue 1 pas assez compétitive.
Ce onzième titre ne déchaîne pas les passions, il s’agit pourtant d’un authentique exploit. Le PSG, né en 1970, n’a mis que 53 ans à doubler Saint-Étienne (fondé en 1919) et ses dix titres, de 1953 à 1981.
Mais le PSG de QSI (Qatar sports investments) semble ne vouloir être jugé qu’au palmarès européen, et sa campagne 2022-2023 est ratée. « Notre maximum c’est ça », pestait Kylian Mbappé après l’élimination à Munich.
Le champion du monde 2018 reste la seule lueur sportive d’une saison globalement ratée, malgré le titre, et encore même lui a-t-il participé aux crises qui ont ponctué la saison.
Recrutement raté
En août, il y a eu le « penaltygate » avec Neymar, pour savoir qui frappait des 11 m, en octobre la rumeur juste avant un match de C1 contre Benfica qu’il pourrait quitter le club, et en avril son tweet pour dénoncer l’utilisation de sa seule image pour la campagne de réabonnement.
Mbappé est appelé à devenir pour de bon le leader de cette équipe, une fois entériné le départ de Lionel Messi, probablement en Arabie Saoudite. Neymar pourrait partir aussi, mais le patron désormais ce sera bien « Kyky », pour une énième révolution de palais au PSG.
La précédente, que le président Nasser Al-Khelaïfi avait annoncée dans L’Équipe (« le bling-bling, c’est fini »), a échoué, le titre national ne suffisant pas à l’appétit de ce club qui se voudrait grand d’Europe.
Le recrutement mené par Luis Campos a été raté, Hugo Ekitike, Fabian Ruiz, Carlos Soler et dans une moindre mesure Vitinha n’ont pas fait progresser l’équipe. Et que le conseiller football de l’ancien de Monaco, où il avait connu Mbappé, continue de « piger » pour le Celta Vigo, est surprenant pour un dirigeant d’un club de l’envergure du PSG.
S’il reste, il devra gérer les nombreux retours de prêts qui pourraient bien polluer l’été du PSG (Kurzawa, Wijnaldum, Paredes, Draxler…).
La révolution Christophe Galtier non plus n’a pas fonctionné. Après des débuts tonitruants, l’entraîneur s’est essoufflé et a perdu la main sur l’équipe.
La Coupe du monde a certes coûté cher en influx aux internationaux parisiens, mais l’année 2023 a été catastrophique, avec neuf défaites toutes compétitions confondues, alors que le club avait terminé le premier semestre 2022 invaincu.
Essoré
Galtier n’a plus réussi à faire briller son équipe, n’a jamais résolu le déséquilibre créé par la « MNM » Messi-Neymar-Mbappé. Il s’est même essoufflé dans la communication.
Brillant et ouvert, le Provençal a fini à l’eau tiède, commettant quelques impairs comme quand il a pointé le jeune El Chadaille Bitshiabu (17 ans) pour un but au Bayern surtout imputable au cadre Marco Verratti.
Les soupçons de racisme venu de son ancien club, Nice, qu’il nie en bloc, l’ont aussi beaucoup secoué.
Il finit la saison essoré, comme d’autres techniciens parisiens avant lui, presque toujours seul à porter le discours du club où on n’entend presque jamais ni Nasser ni Campos et où les joueurs ne lâchent, un par match, que quelques phrases convenues – sauf quand c’est Mbappé – en zone mixte.
Même la question du stade a été l’occasion d’une crise avec la mairie de Paris qui ne veut pas vendre au club le Parc des Princes.
Cette saison en enfer se termine dans la bouderie des supporters du CUP (Collectif ultras Paris), dont certains sont allés jusqu’à chanter « Neymar casse-toi » sous les fenêtres du Brésilien.
Une des rares lueurs, outre le titre, tout de même, vient du très prometteur Warren Zaïre-Emery, milieu de 17 ans plein d’autorité. Mais ce Gavroche est bien jeune pour mener la prochaine révolution.
© 2023 AFP
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