La hausse des taux d’intérêt a de quoi chambouler les habitudes prises par les épargnants ces dernières années. Avec une inflation qui restait en dessous des 2 %, la perspective de recevoir un rendement du fonds en euros, certes faible, mais proche de la hausse des prix n’incitait pas vraiment les épargnants à délaisser ce support à capital garanti. Surtout dans un contexte où les solutions alternatives avaient presque disparu.
Schématiquement, l’assurance-vie, placement de long terme par excellence pour les Français, est devenue dichotomique avec d’un côté le fonds euros, qui capte encore les trois quarts des encours, et son rendement proche du Livret A, et de l’autre côté des supports volatils ou illiquides (titres vifs, private equity…). Entre les deux, rien ou presque, hormis certains supports immobiliers comme les SCPI qui profitaient d’un environnement favorable avec la baisse des taux d’intérêt.
Mais le retour de l’inflation consécutif à la reprise post-pandémie et aux tensions géopolitique a permis de reconstituer, depuis un an, la courbe des taux. C’est-à-dire que la rémunération des placements volatils et à fort risque de perte en capital se démarque davantage des placements aux risques plus modérés. Cela permet de régénérer progressivement un univers plus diversifié d’unités de compte, notamment autour des produits obligataires.
Hausse des taux des fonds en euros
Tout n’est pas rose pour autant. Les craintes d’une récession, revenant régulièrement sur le devant de la scène, ou la récente crise bancaire suite aux faillites de la Silicon Valley Bank et de Crédit Suisse pèsent sur le moral des investisseurs, les incitant à manipuler avec prudence la nouvelle palette de placements s’offrant à eux. Et, par voie de conséquence, à ne pas chambouler totalement leur allocation d’actifs.
« Le fonds en euros reste une des pierres angulaires de l’assurance-vie en France. Elle représente entre 50 et 80 % des encours selon les portefeuilles et les assureurs », rappelle ainsi Thibaut Cossenet, directeur de l’offre épargne et patrimoniale chez Le Conservateur.
Les assureurs, après avoir été contraints d’acheter des actifs obligataires à un taux presque nul, peuvent à nouveau alimenter leurs fonds en euros avec des titres aux coupons plus importants, à l’image de l’OAT 10 ans, l’emprunt phare de l’Etat français, qui navigue désormais autour des 3 %.
Mais cet effet relutif sur le rendement du fonds en euros est progressif. En 2022, le taux moyen servi s’est élevé à 2 % nets de frais de gestion, selon l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, contre 1,28 % en 2021. Cette progression substantielle est également due à la redistribution des provisions constituées par les assureurs les années précédentes, ce, afin d’éviter que les épargnants se détournent des fonds en euros.
Pour 2023, les premières estimations tablent sur une poursuite de la hausse du rendement moyen du fonds en euros avec bien sûr de fortes disparités selon les contrats. « Même si l’inflation baisse à 4 %, les fonds en euros resteront globalement à des niveaux inférieurs à la hausse annuelle des prix », anticipe Thibaut Cossenet.
Néanmoins, une assurance-vie, adaptée à l’appétence au risque de l’épargnant et à son horizon de placement, peut toujours contenir une proportion de fonds en euros. Pour un nombre important d’épargnants, le 50-50, avec 50 % d’unités de compte et 50 % de fonds en euros fait sens. Après il est possible d’aller chercher plus de performance en diversifiant davantage », poursuit-il.
Repli « tactique » sur le monétaire
« A mon sens, le seul placement comparable en termes d’appétit au risque, ce sont les fonds monétaires », explique Denis Alexandre, conférencier et conseiller en risques et marchés financiers. Il s’agit de fonds investis en titres de créances à court terme d’Etats et d’entreprises, considérés comme de solides émetteurs.
L’objectif de ces Sicav est d’offrir un rendement proche des taux monétaires, en zone euro de l’€STER qui a remplacé l’Eonia. Ce dernier atteint aujourd’hui 3,15 %. Facialement, le rendement peut dépasser celui du fonds en euros. Mais il faut tenir compte des frais, ceux inhérents aux supports à savoir les frais de gestion, mais aussi ceux inhérents au contrat notamment les frais de la partie unités de compte et d’arbitrage. « Si votre fonds en euros sert 2 %, que le fonds monétaire rapporte 3 % mais qu’il supporte 1 % ou presque de frais, l’arbitrage vers le fonds monétaire n’est pas si pertinent », illustre Denis Alexandre.
Les Sicav monétaires s’appréhendent généralement comme des placements de court terme, des solutions de repli tactique. « Le monétaire est généralement une poche limitée, qui ne dépasse pas 10 % du contrat, avec l’objectif d’en sortir à court terme pour saisir des opportunités plus cohérentes avec un horizon de placement patrimonial », estime Thibaut Cossenet.
Atouts et risques des fonds obligataires
La remontée des taux d’intérêt est également favorable aux obligations, avec le retour en force des fonds dits à échéance. Pour créer ce type de support, le gestionnaire investit dans des obligations ayant une maturité bien définie. Il est ainsi en mesure de dire aux investisseurs que, s’ils restent jusqu’au terme du véhicule, ils obtiendront a priori le rendement cible.
Ainsi, Suravenir a annoncé il y a quelques jours le lancement de deux fonds à échéance à 5 et 8 ans, éligibles à l’assurance-vie, au coupon annuel brut respectif de 3,70 % et 4,30 %. Ce rendement ne tient pas compte des commissions de souscription, des frais d’entrée et de gestion liés à l’assurance-vie.
Le coût des supports est important car il représente une perte sèche que l’investisseur mettra plusieurs mois voire années à amortir. Néanmoins, le directeur de l’offre épargne et patrimoniale chez Le Conservateur met toutefois en garde contre la « gestion low-cost » sur les fonds obligataires. « Le gérant doit réaliser un travail d’analyse conséquent pour évaluer la capacité de remboursement de chacun émetteur dans lequel le fonds a investi. S’il y a peu de frais de gestion, la ressource qu’il allouera à ce suivi sera moins importante », redoute Thibaut Cossenet.
Il est aussi important de rappeler que les fonds obligataires supportent un risque de perte en capital. Il se matérialise si les entreprises, à qui l’argent des épargnants est prêté au travers du fonds, ne remboursent pas leur dette à l’échéance. Dans le détail, il existe deux grandes catégories d’obligations, celles rangées dans la catégorie des investissements (« investment grade ») et celles spéculatives où la probabilité de défaut est supérieure ( « high yield »).
« Le rendement est la contrepartie d’un risque », rappelle le porte-parole du Conservateur. Autrement dit : le taux d’intérêt affiché renseigne souvent l’investisseur sur le niveau de risque du produit. « Du 7 ou du 8 % a de quoi faire briller les yeux. Mais si une entreprise a besoin de verser 8 % de rendement annuel pour parvenir à se financer, c’est qu’elle présente un risque de signature jugé élevé », souligne Thibaut Cossenet. Dans l’objectif de dynamiser une partie de la poche initialement consacrée au fonds en euros, sans augmenter fortement le niveau de risque, mieux vaut donc viser des fonds à échéances au rendement modéré, de 3 à 4 % nets de frais.
Retour des produits structurés
Les produits structurés, également appelés fonds à formule, font aussi leur retour dans les assurances-vie. Il s’agit de produits financiers non cotés, offrant une garantie partielle ou totale du capital, dont le rendement à l’échéance dépend d’une formule gagée sur l’évolution d’un ou plusieurs indices financiers. Tant qu’ils restent dans une fourchette prédéfinie, le capital de l’investisseur est préservé. En revanche, au-delà d’un certain seuil, le capital est rogné tout ou partie.
Les fonds structurés n’avaient pas véritablement totalement disparu. Mais les établissements de crédit devaient, dans un contexte de taux bas et de faible volatilité, construire des produits plus risqués pour commencer à mettre en évidence des perspectives de rendements attractives, les rendant moins adaptés aux particuliers. « Certains produits structurés très conservateurs avec une perte en capital sur des scénarios où les indices perdraient au minimum 50 % peuvent être une alternative au fonds en euros si l’investisseur comprend et accepte les conséquences d’un tel scénario. Le choix et la bonne compréhension des scénarios sont donc clé », souligne Denis Alexandre.
Néanmoins, l’investisseur ne doit pas baisser sa vigilance face aux nombreuses campagnes commerciales autour de ces fonds à formule nouvelle génération. La règle de n’investir que dans les produits où le fonctionnement et les risques encourus sont compris reste de mise. Par exemple, Denis Alexandre attire l’attention sur les indices modifiés dans la formule de leurs produits structurés, notamment ceux faisant disparaître l’effet des dividendes sur les indices. « Depuis la crise du coronavirus, sanglante pour les dividendes, certaines banques ne veulent plus prendre ce risque. Le problème est que cela tend à faire baisser les indices supports de ces produits structurés », suggère le financier.
Indices modifiés
Il est ainsi possible de trouver des produits structurés avec un rendement à terme qui dépend d’un indice boursier connu, comme l’Euro Stoxx 50, mais dont la variation est diminuée chaque année de quelques points en plus de son évolution naturelle. Cela exacerbe la baisse « naturelle » de l’indice et donc risque de rapprocher plus vite l’investisseur de la zone de perte en capital.
Concrètement, « dans ces temps marqués par des fortes incertitudes économiques et par une inflation élevée nous proposons deux solutions originales », souligne Thibaut Cossenet. D’abord, « pour un investissement de court terme, nous proposons un produit à capital garanti avec une échéance de 3 ans. La performance sera égale à 100 % de la hausse des prix en zone euro hors tabac », indique le représentant du Conservateur. L’idée est donc de se protéger de l’inflation encore persistance en zone euro. Attention toutefois à pouvoir rester investi jusqu’au terme contractuel. Si l’investisseur quitte précocement le fonds, il peut supporter une décote liée aux éléments de valorisations et aux frais.
« Pour un investissement de plus long terme, nous proposons des produits structurés orientés sur les actions mais non-directionnels [le gain pour l’investisseur peut venir d’une hausse ou d’une diminution de l’indice, NDLR] », annonce Thibaut Cossenet. La particularité de ce produit est d’offrir un rendement positif, égal à la variation de l’Euro Stoxx ESG 50, que celui-ci augmente ou baisse dans les 5, 6 ou 7 ans selon la maturité choisie (voir encadré).
Pour limiter la prise de risque au niveau de l’ensemble de l’assurance-vie, la diversification reste d’actualité. A côté du fonds en euros, « des solutions existent pour moduler les allocations en fonction de chaque profil d’épargnant entre les produits structurés non-directionnels, l’obligataire, le monétaire… », évoque ainsi Thibaut Cossenet.
Illustration du fonctionnement d’un produit structuré non-directionnel
Le Convervateur va proposer un produit structuré dont la particularité est d’offrir un rendement positif, égal à la variation de l’Euro Stoxx ESG 50, que ce dernier augmente ou baisse dans les 5, 6 ou 7 ans. Néanmoins, au-delà d’un certain niveau de baisse de l’indice, l’investisseur s’expose à une perte en capital.
Par exemple, en prenant l’échéance de 5 ans, si l’Euro Stoxx a augmenté ou baissé de 30 % au 7 juillet 2028, l’investisseur récupère sa mise augmentée de 30 % hors frais. Le gain brut minimal est de 10 %. En revanche, si la variation de l’Euro Stoxx tombe en dessous -35 %, la perte en capital augmente rapidement. Le capital récupéré est abaissé de la variation en dessous de -35 % multipliée par 153 %.
Concrètement si l’investisseur a misé 10.000 euros et que l’Euro Stoxx baisse in fine de 45 %, le capital rendu avant déduction des frais sera égal à 8.470 euros (10.000 + (35-45)/100 x 153/100) x 10.000). « Ce produit est très complexe, analyse un fin connaisseur des produits structurés. En tant que client de banque privée, j’ai accès à des produits défensifs où le seuil de perte se situe à -50 %, pas à -35 %, avec un rendement cible certes plus bas. On est donc sur un niveau de risque important ».
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