Andrzej Duda fait finalement machine arrière. Le président polonais a annoncé, vendredi 2 juin, un amendement qui modifie fortement la loi à propos de la commission sur l’influence russe, critiquée par les Etats-Unis et l’UE.
« Cela enlève beaucoup de controverses qui surgissent à son sujet », a déclaré Andrzej Duda quelques jours seulement après avoir signé ce texte, expliquant que sa proposition supprimait notamment les dispositions permettant d’interdire de facto à des personnes d’exercer des fonctions publiques pendant dix ans.
La loi, signée lundi, a provoqué des réactions vives aussi bien à Washington qu’à Bruxelles.
La Commission européenne et les Etats-Unis se sont dits « préoccupés » par la création de cette commission, le département d’Etat estimant que cette instance pourrait être utilisée de manière abusive pour interférer avec des élections libres et équitables en Pologne « prévues à l’automne ».
En Pologne, la commission a été qualifiée d’« anticonstitutionnelle » et de « stalinienne » par l’opposition et par nombre de juristes.
Les oppositions vent debout
D’une même voix, l’ensemble de l’opposition, de gauche, du centre et même d’extrême droite, avait déclaré qu’elle n’allait pas participer aux travaux de cette commission qui marque « la fin de la démocratie » en Pologne et pousse le pays à « la guerre civile », selon Szymon Holownia, le président du parti Pologne 2050 (Centre).
L’amendement que le président devait déposer vendredi prévoit notamment que la sanction initiale d’interdiction d’occuper des fonctions publiques pendant dix ans soit remplacée par un constat de la commission qu’une personne « agit sous l’influence russe » et qu’elle « ne garantit pas la bonne exécution des activités d’intérêt public ».
Tout en soutenant la création de cette commission, le président a notamment dit que les neuf membres de la commission ne devraient pas être choisis par le Parlement. Selon le pouvoir populiste polonais, une telle commission est indispensable pour éliminer l’influence russe en Pologne, allié fidèle de l’Ukraine attaquée par Moscou.
L’opposition qualifie le texte de « lex Tusk » (« loi Tusk »), du nom du chef de la principale formation de l’opposition centriste, la Plate-forme civique (PO), Donald Tusk, ancien premier ministre polonais dans les années 2007-2014, puis président du Conseil européen, et bête noire du pouvoir en place. Selon elle, la loi est destinée à compromettre les adversaires du pouvoir en place et empêcher M. Tusk de remporter le scrutin d’automne.
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