Les images comptent au salon du Bourget. La présence sur la piste d’un Airbus A350-1000 de Qatar Airways, cinq mois seulement après la fin de la longue querelle entre la compagnie de Doha et l’avionneur au sujet de ces A350, avait ainsi force de symbole d’une réconciliation encore improbable fin 2022.
« Nous avons trouvé un bon accord avec Airbus, qui est dans l’intérêt des deux parties, confirme Akbar Al Baker, le directeur général de Qatar Airways, qui n’avait pas de mots assez durs contre l’avionneur il y a encore quelques mois. Airbus est un important fournisseur pour nous et nous sommes un client important pour eux. Il fallait donc régler cette situation ».
La moitié des A350 a déjà repris du service
L’indisponibilité d’une partie de ses A350, cloués au sol du fait du fait d’une dégradation anormale de leur peinture, était un gros frein à la reprise pour Qatar Airways. Et ce d’autant plus que ses premiers Boeing 777X commandés il y a neuf ans, n’arriveront pas avant 2025. La moitié de la trentaine d’A350 immobilisés a déjà le chemin des airs. « Les autres sont en réparation », explique Akbar Al Baker.
Par ailleurs, les 25 A350 et les 50 A321, dont les commandes avaient été annulées unilatéralement par Airbus en représailles de la décision de Qatar Airways de ne plus prendre d’A350, ont été rétablies telles quelles dans le carnet de livraison d’Airbus. Les premiers A321 devraient lui être livrés dans trois ans. Ils permettront à Qatar de renforcer l’alimentation de son « hub » de Doha, notamment depuis le sous-continent indien.
Qatar fait une pause sur les commandes
Cependant, la réconciliation avec Airbus n’est pas allée jusqu’à l’annonce d’une nouvelle commande. Pas plus qu’avec Boeing. « Nous pouvons attendre, assure Akbar Al Baker. Nous avons déjà passé de grosses commandes à Airbus et Boeing et toutes les livraisons ont pris du retard, du fait des problèmes de chaîne d’approvisionnement », explique-t-il.
A ces retards de livraisons s’ajoute la perspective d’une forte augmentation de l’offre dans l’environnement immédiat de Qatar Airways, avec l’arrivée de la nouvelle compagnie saoudienne Riyadh Air et le retour en force d’ Air India . Autant de marchés sur lesquels Qatar Airways réalise une bonne part de son trafic et qui risquent de se retrouver en surcapacité. D’où la décision de Qatar Airways, de faire une pause dans ses commandes.
Des doutes sur l’objectif de décarbonation
« Nous allons nous battre comme nous nous sommes battus avec d’autres poids lourds avant, mais il leur faudra au moins 10 ans avant de devenir de véritables concurrents. En ce qui nous concerne, il nous a fallu 10 à 15 ans pour y arriver », souligne le patron de Qatar Airways.
En revanche, Akbar Al Baker semble sinon inquiet du moins dubitatif concernant la décarbonation du transport aérien et l’obligation d’intégrer de plus en en plus de carburants d’aviation durable. « Nous sommes naturellement en faveur d’une croissance durable, mais il faut être honnête : personne ne sait si les compagnies pétrolières seront capables de produire les quantités de carburants d’aviation durable dont nous aurons besoin en 2030 et 2050. Aujourd’hui, aucun pétrolier ne veut s’engager sur de tels volumes. Nous avons signé un gros contrat avec Shell, mais qui est loin d’offrir des quantités suffisantes. Par ailleurs, le prix de ces carburants est exorbitant ».
« Il faut dire la vérité au grand public, poursuit le directeur de Qatar Airways. L’aviation n’est pas le principal responsable des émissions de CO2 Nous ne représentons que 2,6 % des émissions mondiales. Les navires, les automobiles, les centrales électriques, en produisent beaucoup plus. Nous avons aussi constamment investi dans de nouveaux avions. Qatar Airways est le client de lancement du Boeing 787, de l’A330 Neo et de l’A320 Neo. Des avions dont la consommation de carburant est inférieure de 20 % à la génération précédente. Et pourtant c’est toujours le transport aérien qui est pris pour cible ».
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