Un ancien policier a été condamné par le tribunal correctionnel de Crétéil à huit mois de prison avec sursis pour violences sur le journaliste et militant Taha Bouhafs en marge d’une manifestation de 2019. Ni lui ni M. Bouhafs n’étaient présents lors du jugement, rendu vendredi 7 juillet.
L’ex-officier de la brigade anticriminalité (BAC), qui a été radié de la police en janvier pour avoir menacé avec son arme de service et frappé une collègue avec laquelle il entretenait une relation extraconjugale, a été en revanche relaxé du chef de dénonciation calomnieuse pour lequel il était également jugé.
L’avocat de Taha Bouhafs, Me Arié Alimi, s’est réjoui de la condamnation, affirmant auprès de l’Agence France-Presse que son client avait « subi ce que tous les jeunes des quartiers populaires vivent », à savoir « un traitement policier violent et raciste et une poursuite pour éteindre les violences ».
Dix jours d’incapacité de travail
Les faits qui étaient reprochés à l’ex-policier se sont déroulés le 11 juin 2019 quand M. Bouhafs avait été interpellé alors qu’il filmait une grève de travailleurs sans-papiers devant un entrepôt Chronopost à Alfortville (Val-de-Marne) pour le média en ligne « là-bas si j’y suis ». Le journaliste et militant avait d’abord été repoussé par l’agent de la BAC, vêtu en civil, avant que les deux hommes ne s’invectivent, M. Bouhafs accusant le policier de se comporter « comme une racaille ».
M. Bouhafs, qui s’est vu octroyer dix jours d’incapacité totale de travail (ITT) après cet incident, a soutenu que l’ex-policier lui a déboîté l’épaule lors du menottage, puis a continué de le frapper dans le véhicule de police l’emmenant au commissariat. Initialement poursuivi par l’ancien agent de la BAC pour « outrage » et « rébellion », M. Bouhafs avait été relaxé en mai 2021.
Lors de l’audience, qui s’est déroulée le 12 avril, la procureure avait requis la relaxe pour l’ex-policier. « On vient vous demander de considérer qu’une interpellation est une violence illégitime », avait-elle alors affirmé, estimant que l’affaire relevait « de la déontologie, pas du pénal ».
L’avocat de l’ancien policier, Me Laurent-Franck Liénard, qui défend également le brigadier auteur du tir mortel sur le jeune Nahel lors d’un contrôle routier à Nanterre le 27 juin, avait pour sa part dénoncé une « démarche purement politicienne visant à détruire l’homme que je défends ».
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